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Lire:Entretien avec Éric de Verdelhan, auteur de Cœur chouan et esprit para

Propos recueillis par Fabrice Dutilleul 

« J’ai eu la chance de connaître, soit par mon milieu familial, soit par mes engagements politiques ou religieux, des gens exceptionnels et qui me sont chers : Dominique Venner, François Brigneau, Roger Holeindre, les généraux Edmond Jouhaud et Pierre Langlais, le colonel Pierre Château-Jobert, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, Pierre Sergent, Gustave Thibon, et quelques autres… »

Vos précédents livres parlaient de la guerre d’Indochine et de l’Algérie française ; ce livre est plus personnel. Il balaie une vie, la vôtre. Pourquoi ce choix ?

Restons modeste et… lucide, ce livre retrace seulement des morceaux de vie car la biographie de l’obscur inspecteur d’assurance que j’ai été ne présente pas grand intérêt. Même si la mode est à l’hédonisme narcissique, je n’aime pas parler de moi ; en revanche, je m’autorise à dire mes passions et à pousser quelques « coups de gueule ».Dans ce livre, j’ai voulu parler d’expériences, de voyages, et surtout, rendre hommage à des gens qui ont marqué ma vie et mon cheminement intellectuel. En effet, j’ai eu la chance de connaître, soit par mon milieu familial, soit par mes engagements politiques ou religieux, des gens exceptionnels et qui me sont chers : Dominique Venner, François Brigneau, Roger Holeindre, les généraux Edmond Jouhaud et Pierre Langlais, le colonel Pierre Château-Jobert, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, Pierre Sergent, Gustave Thibon, et quelques autres… J’ai également voulu expliquer comment certains auteurs ont influencé mes choix de vie : Charles Maurras, Jacques Bainville et Maurice Barrès, bien sûr, mais aussi Jean Raspail ou Monseigneur Marcel Lefebvre…

Et pourquoi ce titre Cœur chouan et esprit para ?

Depuis mes lectures de jeunesse, je suis resté un Chouan : disons que je suis, comme l’était Jacques Perret, « pour le Trône et l’Autel », mais comme ceci est assez irréaliste en république, je reprends à mon compte ce que disait Henri De Gaulle, le père du général : « Je suis un monarchiste de regrets ». En 1989, le bicentenaire de la Révolution m’a donné l’occasion, avec l’association « l’anti 89 » d’étudier les guerres de Vendée, d’en découvrir l’horreur et d’écrire quelques articles sur le sujet. « L’anti 89 » était une création de François Brigneau et d’André Figueras. J’ai donc eu la chance de connaître ces deux grandes figures du nationalisme. Et nous avons contribué à faire connaître à beaucoup de gens les massacres commis durant la Terreur et les guerres de Vendée.

Mais « l’esprit para », pourquoi ?

L’esprit para est difficile à définir, surtout quand, comme moi, on n’a pas fait la guerre. Disons que c’est l’une des dernières chevaleries. Je suis « tombé dans la marmite » étant petit : fils d’un officier para qui a connu les guerres d’Indochine et d’Algérie, j’étais enfant de troupe, à 11 ans, au Prytanée Militaire d’Aix-en-Provence. Quand il m’a fallu payer ma dette (des études gratuites) à la nation, j’ai choisi les paras « colos », car, dans mon esprit, la question ne se posait même pas. À mon époque, certains se retrouvaient dans les paras par hasard, par goût du sport ou pour la « solde à l’air ».

Au lendemain de mai 1968, les étudiants faisaient tout ce qu’il faut pour échapper au Service National. Moi, j’ai dû me faire pistonner pour pouvoir m’engager chez les parachutistes.

En bon réactionnaire, j’ai souvent fait les choses à contre-courant. Ajoutons que les paras m’ont donné aussi le virus du parachutisme sportif, puis du parapente que je pratique encore à 71 ans (mais à petite dose !).

Votre livre se termine par un constat assez pessimiste. Faut-il « baisser les bras » ?

C’est un livre dans lequel j’« exorcise mes vieux démons » : je dis mon regret de l’ancienne France. Ce pays que j’ai aimé, mais que je n’aime plus depuis qu’il est devenu un melting-pot fondu dans l’Europe… Ce livre est un hommage à une espèce en voie d’extinction : celle des hommes libres…

Suis-je un pessimiste ou un optimiste lucide dans un monde de naïfs ou de Bisounours ? Je n’en sais rien. Mais je constate un peu plus chaque jour la dégénérescence de la nation France (et de l’Occident chrétien). Les faits sont là ! Faut-il baisser les bras ? Non mais j’ai surtout peur qu’on me demande un jour de les lever… pour me rendre. Je suis « à l’automne de ma vie », comme disent les poètes. Un demi-siècle d’engagement à droite m’oblige à reconnaître que, par son incapacité à s’unir et à défendre bec et ongles ses valeurs, la droite nationale aura été d’une redoutable inefficacité.

Mais je crois à un retour de balancier. Quand ? Je n’en sais rien…

Cœur chouan et esprit para

Éric De Verdelhan

27,00

Dualpha Éditions

 

Éric de Verdelhan est né en 1949, dans une famille de la petite aristocratie cévenole. « Enfant de troupe » à 11 ans, il « paie sa dette à la nation » en servant chez les parachutistes et s’initie au parachutisme sportif. En retraite depuis janvier 2010, il a déjà publié de nombreux livres par « devoir de mémoire ».

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