Le temps des victimes n’est certainement pas celui des médias. Le CNRS qui a lancé un programme « 13 novembre » en sait quelque chose, qui recueille doucement sous la houlette de l’historien Denis Peschanski, les témoignages des uns et des autres, et suivra une cohorte de rescapés durant de longues années. Qu’un dessinateur qui se trouvait dans le vortex même de l’horreur, ait trouvé le courage de raconter coûte que coûte ce qu’il a vécu, ressenti dans ces deux heures même et tente de raisonner après le choc de l’ultra violence est effectivement exceptionnel.
reprendre sa vie en main
Mon Bataclan est le récit dessiné de la tragédie, Fred Dewild a concentré toute son énergie pour affronter ses propres images. Elles tiennent dans une dizaine de planches terrifiantes. Ensuite, il a posé le crayon car il ne pouvait plus raconter (pour le moment ) cet après-Bataclan.
Il y a les victimes du Bataclan, mais ce document déborde largement cette date et cette communauté de destins. Elle est le récit d’un homme qui se reconstruit après la tempête, qui fait comme il le peut, qui essaie de résister aux peurs et à la haine. Fred Dewild nous rappelle que les victimes survivantes ne doivent pas s’enfermer dans un statut privilégié et immobile, mais avant tout reprendre en main leur vie. C’est son combat et c’est un grand livre pour l’avenir.
Mon Bataclan. Lemieux éditeur 48 p., 15 €. Sortie le 21 octobre 2016.