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Tribune Libre: Petit Prince : dessine-moi une guitare…

L’homme, né en 1958 à Minneapolis, gaulé comme un Schtroumpf et aussi haut qu’un Playmobil, vient de tirer sa révérence sans même prévenir.
  Mince, Prince n’est plus. L’homme, né le 6 juin 1958, à Minneapolis, gaulé comme un Schtroumpf et aussi haut qu’un Playmobil, vient de tirer sa révérence sans même prévenir. Cause de sa mort ? On évoque une « overdose médicamenteuse », ce qui ne veut à peu près rien dire. Surtout que Prince Rogers Nelson –  son véritable nom à l’état civil –, n’était pas connu pour ses débordements narcotiquesLongtemps, son nom a été opposé à celui de Michael Jackson, façon Blur contre Oasis, aux grandes heures de la brit-pop anglaise du siècle dernier. Le parallèle est plus que douteux. Autant le premier fut indubitablement la créature de son père, de sa fratrie, de son mentor musical (l’immense Quincy Jones), autant notre petit Prince s’est fait tout seul.

Au rayon des vieux souvenirs, on se rappellera un samedi soir, sur Antenne 2, 1982 ou 1983. C’était Les enfants du rock, émission orchestrée dans la bonne humeur par Philippe Manœuvre et Jean-Pierre Dionnet. Tout d’un coup, on croit que le poste TV va imploser… Pas du tout… C’est seulement « 1999 » qui passe enfin sur les ondes françaises. Le riff d’ouverture est hendrixien. La production électronique avant l’heure. Et la frime de l’artiste, comment dire, des plus embarrassantes…

En effet, Prince astique ses six cordes comme si sa vie en dépendait. Sapé en talons aiguilles et porte-jarretelles. Qu’importe… il envoie le bois sévère. Le reste de sa carrière ? Au contraire du Michael Jackson plus haut évoqué, sa vie sera sienne. Multi-instrumentiste, il sait faire un album sans l’aide de personne. Après, il y aura évidemment des hauts et des bas, des disques qui se vendront moins que d’autres, des problèmes récurrents avec ses diverses maisons de disques. Mais la magie, elle, demeurera toujours au rendez-vous.

De l’homme et de sa vie privée, on ne saura finalement jamais grand-chose. Couvert de femmes, oui. Marié une fois ou deux, ou trois, certes. Un flirt passager avec les Témoins de Jéhovah, il ne s’en est jamais caché. Le reste ? Peau de zob et balai de crin. Dans un des rares entretiens accordés par Eric Clapton à la presse, ce dernier reconnaissait que Purple Rain était l’une des plus belles chansons jamais composées au monde, ce qui est à peine exagéré. À ce propos, on dit que Prince, lors d’un de ses traditionnels after – comprenez, un concert de trois heures donné dans un petit club généralement parisien, il chérissait la France, après deux heures de musique livrées dans un stade maousse –, aurait croisé le manche avec le maître Eric « Slowhand » Clapton en personne.

Depuis des années, je cherche l’objet, plutôt illégal. En vain. Existe-t-il pour de vrai ? Qui le sait ? En attendant, ce gnome aux cheveux crépus et à la guitare magique aura laissé un grand vide. Un immense vide, que personne, manifestement, ne saurait aujourd’hui combler. M. Pokora ou Damien Saez ? Kendji Girac ou Renaud ? Bande de galopins… Prince est mort ? Vive le roi !

https://youtu.be/F8BMm6Jn6oU

Nicolas Gauthier
Journaliste, écrivain
Boulevard Voltaire

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