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Tribune Libre & Campagne d’affichage de la mairie de Paris : sacrilège au pays de l’antiracisme

Recréer un véritable système d’intégration est un projet mort-né tant que le prisme racial/religieux reste la pierre angulaire de notre société.

 La mairie de Paris vient de sortir une campagne d’affichage visant à la fois à mettre en avant le travail des cantonniers et sensibiliser le Parisien sur l’écologie des petits gestes. La photo d’une rue, un passant noir distrait par sa discussion téléphonique jette un emballage à terre. Apparaît alors un employé de la capitale, blanc, qui, avec son balai, nettoie l’outrage. Sacrilège au pays de l’antiracisme.

Le problème, pour le site Internet Le courrier de l’Atlas – spécialisé dans l’actualité du Maghreb en Europe -, c’est que cela ne représenterait en rien la réalité des services techniques français. Bien entendu, une telle caricature, en plus d’être puérile, transforme une campagne écologique en politique raciale.

Digne d’une reprise de « Lily », Ibrahim, Malien de 55 ans, déclare dans l’article que « ce sont les Noirs et les Arabes qui nettoient la France, et que sans nous, ce pays serait une porcherie ». Une campagne de la LICRA avait déjà parlé de ce fantasme du « Noir ramasseur de poubelle ». Pourtant, si la « diversité » est présente majoritairement dans les zones urbaines, cela signifie-t-il que le reste de la France est sale, faute d’avoir des nettoyeurs dans les milieux ruraux ? En campagne ou dans les zones périurbaines, les Blancs représentent une forte majorité de ces travailleurs. En font-ils une revendication ? Aucunement.

Tout comme l’ensemble de la classe politique n’est pas forcément âgé et blanc, il serait faux de dire que toutes les personnes travaillant dans le nettoyage sont noires ou arabes.

Caricaturer ainsi un métier s’ancre dans une tactique de victimisation. Nous le prouve la suite de l’article. Après s’être demandé « depuis quand on respecte les Noirs et les Arabes dans ce pays », Moussa nous déclare que son « grand-père est mort pour la France et sa retraite d’ancien combattant était cinq fois moins importante que celle de ses collègues français. Avec ces affiches, on inverse les rôles. » Il est difficile de voir le rapport direct entre les retraites d’ancien combattant et les cantonniers de Paris, pourtant le lien est fait. Le Français blanc doit être le méchant, celui qui, comme dans la réalité, jette ses papiers à terre et crée les inégalités financières, lui qui hait et humilie. La repentance se cache jusque dans nos poubelles, tout est bon pour saigner la France de sa substance. Le glissement est facile, et sans doute un article plus long nous aurait fait basculer vers la repentance colonialiste.

En réalité, de telles réactions montrent que l’intégration ne marche plus. Tant que l’on aura des personnes qui penseront l’ensemble de la société par le prisme de la couleur ou de la race, le système d’intégration pataugera. Le mot « français » n’est plus envisageable sans un complément. Juif, musulman, chrétien, noir, blanc ou beur. Le « Français » ne se suffit plus à lui-même. Le « Français » est devenu incapable de séduire. Recréer un véritable système d’intégration est un projet mort-né tant que le prisme racial/religieux reste la pierre angulaire de notre société.

Source: Boulevard Voltaire
Alexandre Durudeau
Étudiant en droit
Conseiller municipal à Rieux

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