Haradh se situe au beau milieu de la province de l’Est, la plus vaste d’Arabie Saoudite, que les véhicules du Dakar ont visité à vitesse grand V, en gardant une concentration maximale pour ne pas se laisser surprendre par l’enchaînement des pistes. Sur une distance chronométrée de 357 kilomètres, et à un rythme élevé qui impose des talents en lecture accélérée de road-book, c’est bien en navigation que les risques existaient pour les prétendants aux titres. Les motards de pointe se sont montrés solides dans ce domaine, et en particulier Luciano Benavides, capable d’ouvrir en solo de bout en bout et de remporter une deuxième étape consécutive cette année. Nasser Al Attiyah n’a plus rien à prouver de ce genre, mais a offert à Dacia sa première étape sur le Dakar et se donne des chances de rester en course pour la gagne… avec 25 minutes à reprendre sur Yazeed Al Rajhi, sacré défi !
L’Essentiel
- On reconnaît les grands pilotes à leur capacité à assurer la navigation en solitaire tout au long d’une étape, et donc de s’imposer sur deux étapes consécutives. C’est ce qu’a réussi à faire Luciano Benavides, qui soigne ses statistiques avec la 5e spéciale de sa carrière sur le Dakar au total, et s’installe au 4e rang pour aller chercher son meilleur classement.
- L’Argentin devance Adrien Van Beveren de 1’54’’ sur le parcours du jour. Le Français réalise une bonne opération et se rapproche de son coéquipier espagnol Tosha Schareina, qui a évolué en retrait après une chute en début de spéciale. Les débats pour la deuxième place se jouent finalement loin du leader de la course Daniel Sanders, qui abordera la décisive étape 10 avec 14’45’’ d’avance et en 3e position sur la ligne de départ.
- « Il n’y a plus de temps à perdre pour en gagner », a dû se dire Nasser Al Attiyah en se levant à Riyadh. Et le pilote qatarien s’est lancé à l’assaut de l’étape à fond les ballons. À l’arrivée, il signe le meilleur temps mais le butin est maigre, même s’il n’est plus qu’à 31’’ de la 3e marche du podium, toujours occupée par Mattias Ekstrom.
- En revanche, Yazeed Al Rajhi prend les commandes de la course, profitant des erreurs de « nav » et des crevaisons de Henk Lategan. Il rentrera demain dans l’Empty Quarter avec 7’09’’ d’avance sur son coéquipier sud-africain, et 24’50’’ sur la Ford Raptor du Suédois.
- L’Argentin David Zille ajoute son nom à la liste des six vainqueurs d’étapes en Challenger, une catégorie où il avait déjà eu l’occasion de briller pendant une journée en 2023. Son petit exploit n’affecte pas la marche tranquille mais soutenue de Nicolas Cavigliasso, toujours en tête avec 28 minutes d’avance sur Gonçalo Guerreiro.
- On ne sait pas si « Chaleco » croit encore à ses chances de victoire, mais le pilote emblématique des Can-Am se démène pour gagner des étapes. Le Chilien signe son quatrième succès, qui le rapproche à une vingtaine de minutes de Xavier de Soultrait, mais encore bien loin de Brock Heger, à 2h07’.
- Il a manqué une minute et demie à Mitchel van den Brink pour s’offrir une victoire d’étape le jour de ses 23 ans, c’est finalement Ales Loprais qui poursuit sa collection et s’impose pour la troisième fois de l’année et signe son… 23e succès sur l’épreuve. Au général, Martin Macikvisite le pays avec le sourire, et surtout 2h23’ d’avance sur le jeune Néerlandais.
La Perf’ du jour.
Peut-on gagner sur le Dakar 2025 en ouvrant l’étape du premier au dernier kilomètre ? La réponse est « oui » depuis ce mardi. Parti en tête du fait de sa victoire de la veille, Luciano Benavides a mis gaz en grand sur les 357 kilomètres de spéciale. Pointé à 2’57 » d’Adrien Van Beveren au chrono pur, l’Argentin l’emporte grâce à une bonification de 4’51 ». Parmi les précédents vainqueurs, celui parti le plus tôt s’était élancé 4e (VBA, étape 5). L’histoire se répète pour le cadet des Benavides, qui avait déjà triomphé sur la destination Riyadh → Haradh. C’était en 2023, déjà lors d’une étape 9. Cinq jours plus tard, son frère Kevin remportait le Dakar. Aujourd’hui hors-course, il est resté aux côtés de Luciano pour le soutenir dans sa quête de succès. Celui du jour est le 7e de KTM depuis le départ. Il fallait remonter à 2018 pour voir la marque autrichienne gagner autant d’étapes. Elle avait ensuite enlevé le classement général. Bis repetita à Shubaytah ?
Le Coup Dur du Jour
L’approche des derniers jours du Dakar est toujours délicate. C’est surtout l’heure de vérité pour les pilotes en tête du classement général, et la séquence est encore plus stressante lorsqu’on la vit pour la première fois comme Henk Lategan, avec un poursuivant du calibre de Yazeed Al Rajhi à seulement 21’’. Nul ne pourrait affirmer avec certitude que le Sud-Africain a craqué sous la pression. Mais en position d’ouvreur après sa victoire d’hier, le pilote Toyota a enchaîné les pépins : une crevaison après seulement cinq kilomètres de course, puis une séance de jardinage au km 13 et une autre crevaison qui l’a contraint à rouler sur la réserve dans le final. Au bout du compte, l’addition est lourde, avec le 11e temps du jour, à 16’02’’ de Nasser Al Attiyah. Ce débours lui fait bien entendu céder la première place à son rival et coéquipier saoudien, dont il aperçoit la poussière à plus de 7 minutes devant lui. Les supporters sud-africains qui suivent le Dakar connaissent la double peine aujourd’hui, ils déplorent aussi l’abandon de Guy Botterill, qui a mis son Hilux totalement hors-service sur un accident au km 272. Gros nuages sur la nation arc-en-ciel.
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La Stat’ du Jour
10/10
Le nom de Brock Heger était inconnu sur le bivouac du Dakar avant son arrivée à Bisha. Mais les reporters ont pris l’habitude d’écrire et de le prononcer : il domine le classement général des SSV depuis le soir de la 4e étape, lorsqu’il a pris le relais de son coéquipier chez Sébastien Loeb Racing, Xavier de Soultrait. Surtout, le cultivateur de salades californien montre qu’il n’est pas venu en Arabie saoudite pour jardiner dans son Polaris RZR et fait preuve d’une régularité exemplaire. Depuis sa victoire sur le prologue, il est le seul pilote du rallye à ne pas avoir terminé une seule spéciale hors du Top 3 de la journée. Un sans-faute.
Henk Lategan : « Le désastre »
« C’est un peu le désastre pour être honnête, un vrai bazar vers le kilomètre 13 où nous nous sommes perdus et où nous avons manqué un waypoint. En plus de cela, nous avions déjà eu une crevaison et on en a eu une autre, la roue est encore à plat. Bref, une journée chaotique. »
W2RC : La 2e vague du Sandrider
En s’emparant avec autorité de l’étape, Nasser Al Attiyah écrit la première ligne des exploits de Dacia sur le Dakar. Ce n’est pas une première en W2RC puisque le Sandrider avait surfé sur sa première victoire lors de l’étape 1 du Rallye du Maroc 2024. Pour sa première sortie en compétition, le tout nouveau 4×4 disputait la finale de la saison, que Nasser avait conclue en remportant son 3e titre de champion du monde. À titre personnel sur le Dakar, il s’agit de la 48e victoire du Qatarien qui frappe à la porte du record des 50 journées victorieuses de Peterhansel et Vatanen. En W2RC, c’est la 41e étoile décrochée par Al Attiyah sur le championnat créé en 2022. Sur 114 journées de course, cela porte à 36 % la proportion de victoires du Qatarien sur le championnat. Avec une moyenne de 13 victoires par saison, l’officiel Dacia pourrait dès 2025 atteindre les 50 succès en W2RC. Et les 2 victoires du Sandrider pourraient rapidement se multiplier grâce à l’appui de Sébastien Loeb, au 2e rang des chasseurs d’étapes en W2RC avec 20 succès à son actif. Le Français est attendu dès fin février sur l’Abu Dhabi Desert Challenge aux côtés de Nasser Al Attiyah.
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Les Land Rover font une 5e édition du Dakar Classic remarquée ! Trois véhicules de la marque étaient au départ à Bisha, représentant la saga de dynastie anglaise depuis le Series III jusqu’au Range en passant par l’immortel Defender. Ce matin, le « 110 » de Maxime Gublin et son ancêtre piloté par Karolis Raysis étaient 3e et 4edu général ! Avec leur châssis échelle qui a traversé les époques, ces deux Land font le marchepied à l’arrivée dès l’année prochaine de l’équipe officielle Defender au sein du Dakar « moderne ». Il va s’agir du premier engagement officiel de la marque dans le domaine de l’off road. Trois « Def » seront engagés en catégorie Stock face aux Land Cruiser de l’équipe Auto Body. L’écurie anglaise Prodrive aura en charge l’exploitation de l’équipe, who else ? Qui du Dakar Classic et de la catégorie Stock renouera avec la victoire d’Alain Genestier sur le premier Paris-Dakar 1979 ? That is the question…