Peintre, dessinateur, sculpteur, photographe, « fétichiste de l’objet » – selon son ami et préfacier Jean Baudrillard -, Charles Matton (1931-2008) fut aussi un cinéaste et un écrivain.
Grâce au don de son épouse, Sylvie Matton, la BnF présente ses archives cinématographiques et une partie de ses écrits, dévoilant ainsi les réflexions du créateur, son talent littéraire et les coulisses de son œuvre multiple.
Les œuvres visuelles les plus célèbres de Charles Matton sont ses boîtes, à la fois réductions et reconstitutions de lieux, qu’il a conçues à partir des années 1980 comme des sculptures polychromes.
Medium à part entière, elles intègrent la trame de toutes les autres techniques du « fabricant d’images », comme Matton aimait lui-même se définir, traquant et encerclant ses sujets de prédilection – les choses du quotidien, le réel, bien au-delà des leurres des trompeuses apparences.
Le cinéma et l’écriture font pleinement partie de ce maillage, s’associant à la quête et à la création compulsive de l’artiste. De La Pomme ou l’Histoire d’une histoire, court-métrage de 1966, à Rembrandt, long métrage réalisé en 1998, Charles Matton cinéaste offre au plasticien une narration privilégiée : la dramaturgie le fascine et satisfait son urgence de communiquer avec une vaste audience.
Ses archives cinématographiques – scénarios annotés et dessinés, préparation du tournage et du montage, notes sur l’élaboration obsessionnelle et minutieuse du film – dévoilent, dans l’intimité du cinéaste, le processus de sa création.
Si ses films sont connus des cinéphiles et, pour certains, du grand public, il a peu publié de son vivant, hormis le texte d’une monographie et quelques articles pour des magazines et des revues d’art. Il a pourtant beaucoup écrit – il écrivait tous les jours – structurant, dès l’âge de vingt ans, une pensée critique et réflexive profondément originale. Ses écrits, révélés pour la première fois – essais, œuvres littéraires, pépites jetées sur papiers de tous formats -, témoignent de réflexions inédites sur l’esthétique et l’éthique, l’art, les artistes de son panthéon, l’argent, le sexe….
Ils accompagnent toutes ses créations, les éclairent, les inspirent, les lient entre elles. Car c’est bien à une mécanique logique et élaborée qu’aspire Charles Matton en utilisant tous les mediums– paradoxalement mystifiée par une joyeuse et absolue liberté.
Exposition
Le peintre Charles Matton, cinéaste et écrivain
9 février / 26 mars 2016
BnF François-Mitterrand
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Galerie des donateurs
Du mardi au samedi 10h > 20h, dimanche 13h >19h. Fermé lundi et jours fériés
Entrée libre
Commissariat
Joël Huthwohl,directeur du département des Arts du spectacle, BnF
image à la une //Charles Matton sur le tournage de L’Italien des roses
© Estate Charles Matton