Un écrivain emporté par la passion
Les éditions Pardès ont entrepris depuis cinq ans un travail de bénédictin en rééditant à rythme régulier l’œuvre conséquente de Robert Brasillach : romans, essais, pièces de théâtres, articles. « Articles à Je suis Partout » est ainsi le dix-huitième titre publié et certainement le plus sulfureux, puisqu’il s’agit des articles politiques de Robert Brasillach écrits de 1941 à l’été 1943, date de son départ de l’hebdomadaire dont il était alors le rédacteur en chef.
Sur la structuration des articles, le lecteur retrouve sans véritable surprise le talent de plume de Robert Brasillach rencontré dans ses précédents écrits. Le style se révèle vif, ciselé, précis, la pensée se décline de façon limpide et structurée, la somme argumentaire utilisée souligne l’impressionnante culture politique, géopolitique, historique et littéraire de l’auteur. Brasillach développe enfin un don incontestable pour peindre le relief des événements en atteignant systématiquement le cœur de cible de sa démonstration magistrale.
Sur le fond, Brasillach ne s’encombre pas de périphrases ou de circonlocutions pour exprimer sa pensée, défendre ses convictions et pourfendre gaillardement ses adversaires ou ennemis : la République, la Maçonnerie, les Juifs, Charles de Gaulle, les Alliés… jusqu’à certains ministres du gouvernement de Vichy (Pucheu, Carcopino…). Ce qui, on en conviendra, finit par faire du monde… On pourrait croire ces articles d’un intérêt limité, puisque recouverts par la poussière du temps qui passe. Ce serait une grave erreur d’appréciation : les écrits défourailleurs de Robert Brasillach permettent d’appréhender avec précision la matrice intellectuelle de la Collaboration à travers l’un de ses apôtres les plus flamboyants. Ses idées, ses espérances, ses emportements, ses exigences, ses souhaits, ses impatiences, ses agacements… et ses désillusions. Tout l’état d’esprit de l’auteur est exposé et, si l’on suit son cheminement intellectuel pendant deux années très denses jusqu’au changement d’itinéraire, on constate que la direction est demeurée la même : le combat pour la France nouvelle.
Une anthologie au parfum de journal personnel, sans fard ni artifice, pour essayer de comprendre la complexité d’une époque trop souvent travestie.
Arnaud Robert