Lire:A.D.G. Qui suis-je ? deThierry Bouclier

A.D.G. : le plus politiquement incorrect de tous les auteurs de polars

Alain Fournier et Le Grand Meaulnes, Alain Fournier et Le Grand Môme.  Une homonymie pesante, qui décide le Alain Fournier du Grand Môme à se transformer en Alain Dreux Gallou et à signer ses ouvrages des initiales de son pseudonyme, A.D.G.

Né à Tours en 1947 dans une famille de gauche, Alain Fournier est titulaire d’un BEPC et, après avoir exercé une kyrielle de métiers, il débarque à 23 ans dans la célèbre « Série noire » des éditions Gallimard, créée par Marcel Duhamel.

A.D.G. publie une vingtaine de polars aux tirages conséquents entre 1971 et 2003, de  La Divine Surprise, véritable coup de maître , à Kangouroad Movie, roman  qui rencontre une critique élogieuse et unanime, faisant de lui l’un des auteurs-phares de la « Série noire » et le chef de file du néo-polar.

Ce qui caractérise le style d’A.D.G., ce sont les gallicismes, les calembours et bien sûr, l’argot. Thierry Bouclier, dans sa biographie,  dissocie les premiers romans, en argot, des seconds, dans la langue « de tout le monde ». Il passe en revue l’ensemble des titres publiés, avant d’évoquer les adaptations à l’écran : Quelques Messieurs trop Tranquilles, Pour venger Pépère, Le Grand Môme. Et évoque également le A.D.G. scénariste, avec Jean Pignol, de la série Chéri-Bibi.

Mais A.D.G. n’est pas seulement un écrivain à succès, c’est aussi un journaliste engagé, grand reporter et chroniqueur. Sa plume acérée sert tour à tour l’hebdomadaire Minute (pour lequel il effectue deux reportages au Liban alors en pleine guerre), l’iconoclaste Le Choc du Mois, le décadaire Le Libre Journal de la France Courtoise du talentueux  Serge de Beketch et l’increvable Rivarol. A.D.G. fréquente quelques plateaux de télévision, Apostrophes, où il laisse Bernard Pivot épuisé ou encore Droit de réponse de Michel Polac, où il taloche de manière jubilatoire le dessinateur Siné dans une ambiance surréaliste, impensable de nos jours.

A.D.G, c’est aussi un militant politique, celui de la plus grande France. Il s’engage à fond pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie, où il réside pendant huit ans, dans la France (A.D.G. s’arrête également à Anjouan, en 1998, au moment des troubles là-bas). Il anime un journal, sorte de Minute du Pacifique, dit son biographe, Combat calédonien, insolent et irrévérencieux qui dénonce les bradeurs de la Nouvelle-Calédonie.

L’écrivain rentre en France en 1990 un peu désabusé, après avoir écrit quatre polars dont l’action se situe en terre calédonienne. A.D.G. meurt terrassé par le crabe, à la Toussaint 2004.

A.D.G., un chouette zig , un mastar au milieu des nimbus. Et une littérature populaire qui fait toujours mouche !

Une biographie complète, agréable à lire et très richement illustrée. Mention très  bien.

Arnaud Robert.

 BOUCLIER Thierry