L’auteur exerce comme enseignante et chercheuse à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée. Il s’agit, donc, d’un travail universitaire et non pas d’un roman avec des personnages et une belle intrigue.
Elle note, en géographe de profession, l’évolution d’une ville comme Paris avec une perspective historique. Son propos consiste à observer le phénomène d’embourgeoisement qui ne cesse de prendre de l’ampleur à l’exception d’arrondissements comme le 8 ou le 16ème où a résidé de tout temps la très haute bourgeoisie.
Anne Clerval scrute l’évolution de chaque quartier en particulier celui du Château Rouge. Son propos revient à étudier le phénomène de gentrification qui se découvre presque à l’œil nu dans les arrondissements du Centre de Paris.
Elle observe comment un quartier populaire grouillant de vie devient en quelques années le repère de bobos fortunés qui votent plutôt vert. Au fil des pages, elle révèle également que le niveau d’études est beaucoup plus élevé à Paris que dans le reste de la France. « Paris sans le peuple » regorge de statistiques et d’informations sur la capitale française.
Les femmes y sont beaucoup plus nombreuses à travailler que dans le reste de la métropole et font aussi beaucoup moins d’enfants. Comme la question du logement constitue le problème numéro 1 pour les bas revenus, l’auteur note que, comme l’exige la loi, seuls les 13, 19 et 20ème possèdent les 20% de logements sociaux, parfois sous formes de barres immondes comme autour de la Place des Fêtes.
Le pourcentage tombe à 4% pour les 6, 7, 8 et 16ème arrondissements. Dans ce dernier, la Mairie a acheté des terrains en 2010 pour y bâtir des logements sociaux respectant l’environnement architectural. La Mairie et des associations de riverains multiplient les recours pour empêcher cet envahissement inadmissible.
L’auteur détaille aussi la manière dont les quartiers populaires se transforment inexorablement pour accueillir une population fortunée. Le changement s’opère selon un schéma bien établi avec des ateliers d’artistes, un bar branché fréquenté par ceux qui les délogeront pour y bâtir des petits immeubles abritant des appartements spacieux et inondés de lumière.
Les Mairies contribuent à ce mouvement en embellissant leur quartier avec des stations de velib’ et des trottoirs élargis pour que les touristes puissent flâner confortablement.
Un ouvrage de référence sur la capitale C C C C C
236 pages, La Découverte, 24 €
Format 24 X 15,5. Broché
Dominique LE FUR
