« La conspiration fonctionne comme dans l’Antiquité
parce que nous sommes des lâches et des paresseux !
La tyrannie à base de bonnes idées,
c’est vieux comme la modernité »
Entretien avec Nicolas Bonnal, auteur de Littérature et conspiration (éditions Dualpha),Propos recueillis par Fabrice Dutilleul.
Pourquoi ce livre sur la conspiration ?
Il sert à montrer que la théorie de la conspiration n’est pas l’apanage d’idiots et de paranos, mais souvent de grands esprits et de grands auteurs qui au cours des siècles ont développé la théorie de la constatation : il y a des élites, des castes plutôt, de prêteurs et de traiteurs des informations qui nous exploitent et nous guident mal. J’explique ainsi grâce à La Boétie que la pratique (et non la théorie) de la conspiration fonctionne comme dans l’Antiquité parce que nous sommes des lâches et des paresseux !
De quels auteurs précisément parlez-vous ?
Pour moi, tout a commencé avec Chateaubriand quand il dit à la fin des Mémoires que la chimère actuelle est d’arriver à une humanité unifiée. Lui a compris le premier. Les Lumières voulaient cette unité, pas lui. Car elle donne les horreurs de la Révolution et de cette pensée inique, si bien décrite par Cochin. Après, il y a des romanciers populaires comme John Buchan (stupéfiant dans Les Trente-neuf marches), Jack London ou Gustave Le Rouge (La conspiration [des milliardaires]) qui comprennent le danger que fait courir le capitalisme humanitaire à notre monde. Il y a, bien sûr, Chesterton aussi et son nommé Jeudi qui montre comment la police va noyauter tous les noyaux de résistance. C’est comme ces hackers russes derrière qui les agents du web libre découvrent la CIA.
À vous lire, il y a vraiment beaucoup de grands auteurs qui y croient, à cette conspiration !
Oui, deux génies de la littérature universelle comme Dostoïevski et Céline notamment, y croyaient dur comme fer. J’explique comment Dostoïevski affronte génialement le thème du réseau ou du relativisme, comment Céline lutte contre la pub et Bernays. Tout comme Hermann Hesse aussi.
Le pire est que les élites ne sont pas méchantes ou ne se voient pas comme méchantes. Chesterton explique qu’elles se veulent modernistes et avant-gardistes, Jack London qu’elles rééduquent leurs enfants dans un sens humanitaire pour améliorer l’humanité. La tyrannie à base de bonnes idées, c’est vieux comme la modernité.
Vous n’aimez pas le « bourgeois » et rappelez que Dumas non plus…
Dumas a tout vu sur la liquidation aristocratique et sur la transformation de la France en terre bourgeoise branchée sous le règne de Louis XIV. Je cite des extraits incroyables. Fukuyama explique, lui, comment on a créé le bourgeois, ce dont Taine, avant lui, avait également pris conscience.
Est-ce que tout cela finira bien ?
Non. Pour notre bien, on veut nous détruire. Jésus voulait récupérer sa brebis perdue, les modernes veulent éliminer tout le troupeau par peur de la vache folle.
Ce qui m’a passionné, dans cette étude – et j’espère que ce sera le cas de nombreux lecteurs – c’est d’avoir vu que les grands génies de la gauche tendaient la main sur ce chapitre à ceux de la droite.
Littérature et conspiration de Nicolas Bonnal, 252 pages, 29 euros, éditions Dualpha, collection « Patrimoine des Lettres », dirigée par Philippe Randa.
Commande par internet (paiement 100 % sécurisé par paypal ou carte bancaire) sur le site www.francephi.com.