Lire : Jean Anouilh et Marcel Aymé Editions Pardès

Dramaturgie et romance

C’est la crise, mais les éditions Pardès contribuent amplement à la relance de la croissance, du moins du point de vue de la production éditoriale ! Qu’on en juge : après un remarquable « Qui suis-je » consacré à François Brigneau, Pardès propose au lectorat plusieurs autres titres, dont on retiendra, parmi cette nouvelle salve, une biographie consacrée à Jean Anouilh (par le professeur Jacqueline Blancard – Cassou) et une autre à Marcel Aymé (par Michel Lécureur, co -fondateur de la Société des Amis de Marcel Aymé).

Jean Anouilh et Marcel Aymé cultivent les convergences : même génération (nés tous les deux au début du vingtième siècle), même goût pour la liberté de penser et de s’exprimer, même anti gaullisme, même mépris pour les honneurs(Aymé refuse de recevoir la Légion d’honneur en 1950, Anouilh refuse d’entrer à l’Académie Française en 1970), même passion pour la dramaturgie…

Les deux auteurs marquent de l’empreinte du talent l’histoire littéraire du XXe siècle, en signant des chefs-d’œuvre devenus de grands classiques :« Antigone », « Pauvre Bitos », ou « Les Poissons rouges » pour Anouilh, « La Jument vert », « La Vouivre » ou les « Contes du chat perché » pour Aymé.

Si les deux écrivains sont des observateurs de la nature humaine et de leur époque, ce qui les distingue finalement, au-delà du genre littéraire, c’est probablement le tempérament : Jean Anouilh est un misanthrope exprimant avec des touches de tendresse une vision pessimiste de l’humanité, Marcel Aymé est un imprécateur, pratiquant un humour souvent truculent et empreint d’un authentique humanisme.

Les deux auteurs furent des amis intimes ; Aymé défendra, en 1956, Anouilh,attaqué par les bien-pensants, lors de la présentation de « Pauvre Bitos ».

Nul doute que ces deux biographies, puisées aux meilleures sources et remarquablement illustrées, donneront l’envie irrépressible de lire ou relire ces deux grandes signatures de la littérature française.

Arnaud Robert