L’auteur ne donne pas dans la dentelle dans ce roman, quand bien même parviendrait-elle de la Forêt Fouesnant. Son héros, Jean-Luc Gouézec, avait tout pour connaître la félicité sans borne dans la pointe Bretagne. Fils d’un papa proviseur et d’une maman agrégée de lettres, il démarre sa vie professionnelle tambour battant après de brillantes études de commerce. Côté cœur, il entame un parcours sans faute après avoir dégotté Delphine, une fille de Lannilis dans le bar « Les jeudis » à Brest.
Brave épouse, elle lui donne deux enfants non sans difficulté, car son époux n’est pas réellement porté sur la chose. Pour tout dire, d’autres idées lui trottent dans la tête. Il ne va pas butiner ailleurs, ce qui pourrait représenter un signe de bonne santé. Il développe, au contraire, des idées noires, pire encore, mortifères. Au boulot, il déchante très vite et sa mégalo gentiment cultivée pendant ses études en prend un sacré coup quand la boîte qu’il vient de créer doit plier ses gaules puisque l’associé du héros n’est autre qu’un vulgaire truand en col blanc.
Quand les parents de Jean-Luc, membres d’un club de notables, lui trouve un travail, il a déjà pété les plombs et s’installe confortablement dans la maladie mentale. Tout devait se passer normalement et il aurait pu mener une vie de petit bourgeois conformiste dans cette Bretagne où il fait si bon vivre. D’autres idées l’animent et il mettra fin à neuf vies et quelques-unes de chiens. En pro du polar, Hervé Jaouen décrit la vie de chacune des victimes en nous les rendant très sympathiques. Il nous dresse un tableau très coloré de cette belle région où les hommes ne sont pas toujours à la hauteur et les femmes la plupart du temps avec les pieds sur terre. Un roman particulièrement original avec un parfum d’embruns et de korrigans.
Un polar psycho-celtique
309 pages, Presse de la Cité, 19,50 €
Dominique LE FUR
