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Dans LE JARDIN DE LA BÊTE De Erik LARSON

Ce roman ne comporte aucune intrigue et se révèle pourtant passionnant car il tient le lecteur ébahi par les révélations qu’il contient. L’auteur s’est servi d’une documentation très fournie dont l’essentiel provient des notes écrites par l’ambassadeur américain en Allemagne pendant les années 1933 et 1934, c’est-à-dire en pleine montée du nazisme. Représentant d’un très grand pays, sa mission consiste à essayer de récupérer le montant des dommages dus à la suite de la Première Guerre Mondiale. De l’avis même de certains Américains, les taux d’intérêt étaient très élevés, ce qui explique que l’ambassadeur ne tenait pas à faire trop de vagues malgré ce qu’il voyait autour de lui. Dodd, c’est son nom, change pourtant de point de vue, alors que sa fille Martha s’affiche avec les dignitaires du régime au point d’être présentée au petit moustachu autrichien. Les premiers camps commencent à tourner à plein régime, mais personne ne s’en émeut.

Portrait de l’ambassadeur William Dodd

Il s’agit d’Allemands communistes, socialistes ou tout simplement opposants. L’ordre règne et si les libertés se restreignent, les étrangers trouvent qu’il fait bon vivre dans un pays où le calme prédomine De son côté, Dodd énerve son administration avec ses goûts simples. Il avait même fait venir par bateau sa voiture perso, un milieu de gamme très sobre. Il ne voulait pas grever les finances publiques d’un pays qui n’était pas encore sorti de la récession. Martha multiplie les conquêtes en passant d’un camp à l’autre.

Comme il s’agit de rapports diplomatiques, la transformation d’un pays sous l’impulsion d’un dictateur sanguinaire apparaît progressivement. L’atmosphère s’alourdit inexorablement sans qu’aucun pays ne veuille ou ne puisse voir ce qui allait se passer. Quand Dodd prend la mesure de l’horreur qui se prépare, sa hiérarchie le remplace car, en refusant de se rendre à une invitation du régime hitlérien, il compromet les bonnes relations entre les deux pays. L’auteur qui, malgré son nom, n’est pas Scandinave mais Américain, arrive magistralement à dépeindre la montée du nazisme au travers d’une source très officielle et de premier ordre. C’est réellement passionnant.

 

Un document wikililien

 

Le roman 525 pages et 645 pages avec les notes, Cherche Midi, 21,00 €

 

Dominique LE FUR

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