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Expo : Saline Royale d’Arc et Senans.

Étonnante Saline Royale d’Arc-et-Senans

Voulue et commandée par Louis XV, la Saline Royale d’Arc-et-Senans dans le Doubs, arrive à un moment de perfection de l’art français. Le XVIIIème est le Grand Siècle de l’art en France. Menuisiers, ébénistes, jardiniers, architectes rivalisent d’invention, de créativité, de talent.

La Saline, Manufacture royale, conçue comme un Temple du Travail par son créateur, Claude Nicolas Ledoux, est un chef d’œuvre admiré du monde entier. Classée Monument Historique, Patrimoine mondial de l’Humanité, elle est également Centre Culturel de Rencontre.

Étonnante Manufacture pionnière dans son architecture. Un exemple de cité ouvrière avant la lettre, bien avant le début de l’ère industrielle.

Aller chercher le bois de plus en plus loin pour faire cuire la saumure en provenance de Salins était une gageure. Une « cuite de saumure » représentait de 24 heures à 72 heures de feu continu. La forêt de Chaux deuxième forêt de France, pouvait satisfaire une telle exigence.

Manufacture royale close de murs. Le monopole royal sur l’or blanc, base de l’impôt baptisé la Gabelle, était très contrôlé par les gabelous, contrôleurs du Roi, car les vols de saumure étaient fréquents.

Claude Antoine Ledoux, grand architecte, grand philosophe, grand humaniste

Architecte, ingénieur des Ponts, très en vogue à son siècle, prisé des grands aristocrates et bourgeois, il a, pour cette clientèle aisée, beaucoup construit. De nombreuses œuvres ont été détruites. Sa Cité idéale de Chaux, sorte d’utopie appliquée, atteste de la force de son humanisme, de sa réflexion profonde sur la condition humaine. Il a également inspiré les grands architectes du monde contemporain.

Comment faire vivre aujourd’hui cet immense patrimoine ?

La Saline, lieu difficile à animer, est loin d’être un monument endormi. Rester en osmose avec les idées de son constructeur, avec les idées du philosophe, mais aussi avec l’histoire du lieu, est l’idée maîtresse. Le lieu justement ? Il a accueilli des populations diverses, camp d’internement de tziganes, de réfugiés politiques espagnols, de prisonniers allemands. Un lieu qui inspire des thèmes sociétaux en lien avec l’utopie du fondateur. Un lieu de résistance.

Véronique Barcelo, directrice de la Saline, a réussi son pari en initiant dans ce site culturel une idée généreuse, celle de Citoyen du Monde. Nous sommes tous Citoyens du Monde. Les deux expositions présentées réconcilient mémoire et nouveauté, jettent des passerelles trans-artistiques, et permettent encore d’imaginer de nouvelles pistes à défricher.

Finalement, les passerelles sont plus fortes que les remparts et nos espaces urbains, culturels sont plus mélangés qu’il n’y paraît.

Deux expositions de belle facture, qui se répondent. Jusqu’à mi-octobre. Les voici.

« Les Jardins Nomades »

Chaque année depuis 14 ans, à la Saline, un Festival des Jardins illustre un thème, déployé sur le lieu des anciens jardins ouvriers et nourriciers des ouvriers du sel de la Manufacture. Cette édition 2014, les « Jardins Nomades » occupent l’hectare de terrain dédié. Les élèves d’une dizaine d’établissements scolaires de Franche-Comté, Champagne-Ardenne pour la vannerie, et de Suisse proche voisine, ont laissé libre cours à leur imaginaire et leur talent pour créer 16 jardins étonnants d’espérance.

Les plantes comme les hommes vagabondent, essaiment, connaissent l’errance. L’eau circule comme les fleuves du monde qu’il faut franchir, avec des valises pour passer sur l’autre rive. Le brûlis symbolise peut être la sédentarisation… ?

« Les Arpenteurs »

Migrations, exils, itinérances, voyages choisis ou contraints, périples vagabonds, sujets qui interpellent 14 artistes contemporains. Ils ont réfléchis sur le sujet qu’ils ont traité de façon différente, personnelle et intéressante. Leur approche poétique du nomadisme, en quelque sorte.

Claire Tabouret présente des personnages flous embarquant dans un bateau de pêche, Laurent Malone des vidéos axés sur le regard douloureux de personnages de rencontres, Jochen Gerner peint des cartes postales et ajoute sa pensée artistique aux cieux bleus, Isabelle Krieg imagine des cartes géographiques dessinées sur le bitume, et le langage transcrit en vidéo de William Kentridge en militant anti-apartheid, étonne et surprend.

Où dormir à prix doux ?

L’hôtellerie 3 étoiles de la Saline propose 31 chambres dessinées et désignées par Jean-Michel Wilmotte. En harmonie complète avec le lieu.

Situé dans le Pavillon des Berniers et celui des commis de la Gabelle, elles ont élégante allure.

Tarif unique et doux de 84 euros la nuitée. Vue splendide sur les « Jardins Nomades ». Clos de murs. Silence, tranquillité, méditation.

Divin petit déjeuner à 10 euros

Saline royale Arc et Senans

www.salineroyale.com

Geneviève Guihard

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