Goûts/Saveurs

La Chine à travers sa cuisine, au Musée du Quai Branly

Retracer l’histoire de la Chine à travers sa cuisine et son art culinaire vieux de plus de 7.000 ans, tel est le pari du musée du Quai Branly qui présente à partir de mardi une exposition inédite sur ce thème.

« La cuisine est sans doute le dénominateur le plus pertinent pour illustrer l’histoire chinoise », explique Jean-Paul Desroches, le commissaire de l’exposition, qui est aussi conservateur général du Patrimoine et responsable du département Chine du musée Guimet.

Patte d’ours et chien braisé
Organisée en collaboration avec le Musée National de Chine a qui a prêté une centaine d’objets, l’exposition ne se limite pas à présenter des contenants, dont certains particulièrement rares –  un tripode et un vase en bronze remontant à la dynastie Shang (1570-1045 av. JC.) – , mais insiste sur les mets qu’ils contenaient et les manières de les préparer.

Les recettes sont étonnantes : patte d’ours cuisinée au miel (répertoriée sous la dynastie Shang), chien braisé dans un bouillon de tortue remontant à la dynastie Han (206 av. JC à 220 après) ou fondue de faisan zhigeng figurant dans une chronique mythique remontant à environ 3000 av. JC.

La Chine, « c’est d’abord la civilisation de l’estomac », souligne M. Desroches, en insistant sur le côté très pragmatique des Chinois pour qui l’alimentaire, « c »est ce qui définit l’homme.

Après l’apparition des céréales autour du 7e millénaire, des viandes et des boissons à base de millet à l’âge du bronze, l’exposition permet une découverte étonnante, celle de la cuisine chinoise contemporaine dont les fondements remontent à plus de 2.000 ans, sous la dynastie Han.

« Beaucoup d’ingrédients apparaissent dès cette époque, tout comme des inventions fondamentales telles que les graisses ou le four qui permet la haute cuisson. 0n commence à faire mariner, à couper en petits morceaux et à faire frire », commente M. Desroches.

Bol à couvercle en jade blanc. © Musée du Quai Branly

Fastueux arts de la table
Des nécessités de l’estomac, on passe aux arts de la table qui prennent leur véritable essor en Chine sous les Tang, puis sous les Song (960-1279) avec le thé qui devient une boisson à la mode et la gastronomie une expression littéraire à part entière.

L’art culinaire culmine sous les derniers empereurs de la dynastie Qing (1644-1912) avec un service de bouche qui emploie 2.000 personnes (y compris des diététiciens et des spécialistes des légumineuses, des viandes ou de la préparation des alcools) et assure 12.000 repas par jour, servis dans une luxueuse vaisselle en or, argent, émaux cloisonnés, porcelaine, jade ou ivoire.

Une installation vidéo immersive et hypnotique inspirée des tables tournantes des restaurants chinois, réalisée par le collectif d’art numérique Pleix, clôt l’exposition.

Des week-ends gastronomie et traditions chinoises sont organisés du 6 juillet au 8 juillet, proposant notamment une cérémonie du thé, des ateliers d’initiation au majhong et des visites « contées » pour les enfants.  Le vendredi 6 juillet, le Before permet de visiter l’exposition, exceptionnellement ouverte jusqu’à 23h, puis,  de déguster en musique, au son d’un mixe de Dj, des classiques culinaires chinois revisités par des chefs.

« Les séductions du Palais »
Musée du Quai Branly
 

jusqu’au 30 septembre 2012

Image à la une:Lazy Susan, installation vidéo du collectif Pleix.© Pleix

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