La vérité, qu’il n’est plus possible de contester – tant sont nombreux les documents de toutes origines, aujourd’hui déclassifiés -, est la suivante. Deux jours après la première bombe sur Hiroshima, le Premier ministre Kantarō Suzuki s’adressa aux membres de son cabinet pour leur dire : « Dans les circonstances présentes, il ne nous reste plus qu’à demander une capitulation sans conditions. » Le script de la réunion fut rendu public immédiatement mais cela n’empêcha pas, le lendemain, le largage d’une deuxième bombe. Le Japon « était incapable de soutenir une invasion au-delà du mois d’octobre et l’état-major américain le savait », rapporte Paul H. Nitze, sous-secrétaire d’État à la Défense, dans son livre From Hiroshima to Glasnost (p. 44-45). Il s’était « résigné à une reddition sans conditions bien avant août », insiste Ralph A. Bard, sous-secrétaire d’État à la Marine, (US News & World Report, 15 août 1960). Le Japon « était prêt à capituler, il était totalement inutile de le frapper avec cette chose monstrueuse », avoue le général Eisenhower interrogé par Newsweek, en novembre 1963.
Pour expliquer l’injustifiable, l’historiographie sur cet événement retient deux thèses. La première est résumée par le secrétaire d’État à la Défense, Henry L. Stimson, en ces termes : « Au département d’État, l’idée d’utiliser la bombe atomique comme une arme diplomatique (à l’adresse des Soviétiques) l’avait emporté. » Une thèse à propos de laquelle Paul H. Nitze (déjà cité) a eu cette phrase assassine : « Pour impressionner les Russes, il aurait été hautement symbolique de larguer les bombes sur une de ces îles désertes du nord de l’archipel (nippon) que Staline comptait récupérer après la guerre. » La seconde nous est livrée par le général de brigade Carter W. Clarke, à l’époque responsable du contre-espionnage : « C’était inutile et nous savions que c’était inutile, nous voulions utiliser des Japonais comme cobayes dans une expérimentation en grandeur nature », écrit-il dans The Decision to Use the Atomic Bomb (p. 359). Sans commentaires.
Il y a quelques jours, sur Boulevard Voltaire, Philippe Bilger qualifiait d’exemplaire la condamnation d’Oskar Gröning à quatre années de prison. Paul Tibbets, qui commandait l’Enola Gay duquel fut larguée la première bombe sur Hiroshima, lui, est mort en 2007 paisiblement, son uniforme bardé de décorations. Le premier s’était repenti, le second avait déclaré il y a quelques années : « Si c’était à refaire, je le referais. »
Bombardement de Dresde — Wikipédia
Le bombardement de Dresde, qui eut lieu du 13 au 15 février 1945, détruisit presque entièrement la ville allemande de Dresde. Le United States Army Air …