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Tribune Libre : Jean-Paul Huchon il rêve d’un 4e mandat très « rock’n’roll » en Île-de-France

Les socialistes choisiront à la fin du mois leur candidat. On comprend que M. Huchon s’accroche à son fauteuil : la place est plus que bonne.

 Les mains enfoncées dans les poches du jean et les santiags dans la tête sinon aux pieds, il arpente le parc de Saint-Cloud, la bedaine en avant : le président de la région Île-de-France ne rate jamais le Festival Rock-en-Seine. C’est son paradis à lui. Et son argument de campagne pour briguer un quatrième mandat à la tête de la région. D’ailleurs, il a baptisé son blog de campagne du nom d’un album de Neil Young : RustNeverSleeps.org.

La primaire socialiste qui devrait choisir la tête de liste n’aura lieu que le 28 mai, mais Jean-Paul Huchon est persuadé de l’emporter sur sa vice-présidente, Marie-Pierre de La Gontrie. Alors, il se lâche contre la ringardise de l’adversaire UMP : « À vrai dire, je pense que Valérie Pécresse n’a pas une bonne image personnelle. Les Franciliens ont besoin de calme, de sérénité, d’expérience et puis de gens qui ont un peu d’idées et qui sont un peu rock’n’roll ».

Il est vrai qu’en plus du look de vieil arpenteur de la Route 66, Huchon en connaît un rayon sur la gestion. Une gestion très « rock’n’roll », justement, qui lui a permis, depuis 2004 qu’il exerce son mandat de président, d’acquérir la sérénité et la panse joviale d’un homme qui n’est pas avare de largesses.

En septembre 2012, dans un dossier fouillé (établi à partir du rapport de la fondation IFRAP) intitulé « Régions : la gabegie organisée », Le Point révélait ainsi les pratiques du bonhomme en Île-de-France, et ce qu’il nous en coûte en « roulé-boulé ».

Depuis 1998, le « rockeur » Jean-Paul Huchon a doublé le nombre d’organismes parapublics satellites au conseil régional, et bien sûr les personnels, engageant ainsi 1.000 agents supplémentaires en 14 ans.

Globalement, nous dit-on, « le redécoupage des services a entraîné une augmentation exponentielle des personnels » : +59 % au cours de son premier mandat. Le nombre de chefs de service est ainsi passé de 30 à 85 durant la même période, et celui des directeurs adjoints de 1 à 10 ! Résultat : « Le président de la région Île-de-France dispose de plus de collaborateurs que le ministre des Finances. » Raison pour laquelle, sans doute, la région possède un parc immobilier colossal au cœur du VIIe arrondissement de Paris, ces braves gens disposant de bureaux dépassant en moyenne les 20 m2 (contre 12 m2 pour la norme nationale).

Reste que « les dépenses les plus scandaleuses portent sur les subventions aux associations qui permettent toutes les dérives de copinage et de financement d’officines plus ou moins proches du Parti socialiste ». Soit 47 % d’augmentation entre 2006 et 2010 pour atteindre 12 % du budget total de la région !

Cerise sur le gâteau, ou plutôt médaillon de homard sur lit de caviar, Le Canard enchaîné révélait à la même époque que les élus d’Île-de-France, Huchon en tête, s’étaient offert une escapade à Londres à l’occasion des Jeux olympiques. Coût de l’opération : 150.000 euros. Et pour bien terminer leur séjour, ils ont dîné chez Hélène Darroze avec une addition salée de… 17.000 euros ! Et ça, coco, c’est drôlement rock’n’roll !

Les socialistes choisiront à la fin du mois leur candidat. On comprend que M. Huchon s’accroche à son fauteuil : la place est plus que bonne. Mais les Franciliens qui se serrent la ceinture feraient bien de renvoyer le rockeur grattouiller sa guitare.

Marie Delarue
Ecrivain, musicienne, plasticienne
source Boulevard Voltaire

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