Ainsi, la lutte contre le tabagisme, nul ne saurait l’ignorer, est la cause de tant de maux en nos contrées : chômage de masse, désindustrialisation, délocalisations, suicide devenu l’une des premières causes de mortalité chez les jeunes, record mondial de consommation d’anxiolytiques, divorces en série, et encore devons-nous en oublier. Heureusement, le gouvernement prend le taureau par les cornes, et étudie sérieusement la possibilité d’interdire la cigarette dans les parcs publics et dans les voitures, pour peu qu’il puisse s’y trouver des enfants.
Dans le premier cas, les forces de l’ordre – loin d’être débordées par la délinquance, la chose est de notoriété publique – pourront enfin se concentrer sur ces parents qui en grillent une tandis que les marmots sont à la balançoire. Dans le second, ça peut être plus complexe. Mais une solution s’impose : de grandes campagnes de sensibilisation dans les écoles – là encore, les profs n’ont que ça à faire, le niveau de nos écoles faisant l’admiration du reste de la planète –, afin que les élèves dénoncent papa et maman aux flics. Remarquez, un troisième cas, découlant du deuxième, risque de donner du fil à retordre à nos législateurs. Ma famille, par exemple… Ma femme ne fume plus et mes deux lardons se sont mis à la cibiche. Pourquoi ne pas lui demander de dénoncer la marmaille aux argousins ?
Dans le même ordre d’esprit, le délit de racolage passif, institué il y a dix ans par Nicolas Sarkozy alors qu’il était ministre de l’Intérieur, devrait être prochainement remis en cause, tandis qu’il serait maintenant question de pénaliser le client. L’impayable Najat Vallaud-Belkacem considérerait la prostitution comme une « violence faite aux femmes ». Son exemple ? Les sociétés nordiques, dont la Suède, où la loi Kvinnofrid a institué, dès 1998, la criminalisation des clients de prostituées. Ces pays sont décidément épatants qui, après nous avoir refourgué leur pornographie de masse dans les seventies du siècle dernier, veulent aujourd’hui nous exporter leur puritanisme rance.
Alors, rouvrir les boxons ? Et pourquoi pas… Ouvrir un peu les yeux, surtout, sachant qu’en France plus de 80 % des prostituées sont des immigrées plus ou moins clandestines, exploitées par des réseaux mafieux ; pauvres filles n’ayant plus de joie que le nom. Une idée à creuser pour Arnaud Montebourg, qui pourrait revitaliser l’un des plus vieux petits métiers du monde de chez nous. Au moins, l’intitulé de son ministère, le Redressement productif, ferait enfin sens.