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les Grands Boulevards parisiens à double sens ou comment la Mairie de Paris nous compte fleurette

De gros bouchons se sont formés en direction de l’Opéra, tandis que le nouveau sens vers République restait vide.

D’un côté, le plein. De l’autre, le vide. À croire franchement que les GPS n’ont pas encore actualisé leur plan de circulation. Mercredi, premier jour de mise en service des Grands Boulevards à double sens, les automobilistes ne se bousculaient pas pour remonter depuis le carrefour Richelieu-Drouot jusqu’à République.Seule une poignée de taxis et de voitures ont emprunté l’unique voie permettant de circuler d’ouest en est. Ravis, à n’en pas douter, de profiter de ce bon plan inespéré. «Dans la tête des Parisiens, ce n’est pas encore ancré, estime Sylvain, 44 ans, juché sur son deux-roues. Il faudrait que la Ville communique davantage.»Dans le sens inverse, en revanche, les deux voies affichaient complet, à tel point que les scooters n’hésitaient pas à déborder sur la file désertée. «C’est une catastrophe! Tous les jours, je prends le chemin depuis République vers Richelieu-Drouot, et, ce matin, au lieu de mettre dix minutes, cela m’a pris une heure!» pestait un automobiliste.Les travaux place de la République ainsi que le passage de quatre files à trois ne sont pas neutres. Mais la cause de l’engorgement est aussi à chercher du côté du couloir de bus. Cette voie réservée aux cyclistes et aux engins de la RATP est en réalité «squattée» par des cars de touristes, des autobus scolaires, des camions de livraison, des camionnettes d’artisan ou encore des voitures particulières, garés à touche-touche. Conséquence, les bus, eux, sont obligés de se déporter sur les deux autres voies. «C’est comme ça depuis les travaux des Grands Boulevards et le rétrécissement de la chaussée, assure Tarik Koubbach, 44 ans, un habitant du quartier qui circule en Vélib’. Maintenant, les conducteurs ont pris l’habitude.» Pas sûr pour autant que la maréchaussée laisse perdurer la situation. Au grand dam de certains commerçants. Si le patron de la brasserie Le Gymnase, à deux pas du théâtre éponyme, trouve que le nouvel aménagement est «joli», il craint néanmoins que cela «pose des problèmes aux clients pratiquant le stationnement sauvage». S’ils ne peuvent plus s’arrêter, ils ne viendront plus consommer, en somme.

Autre questionnement dans le quartier: celui des reports de circulation. Tarik Koubbach, estime que la fin du sens unique sur les Grands Boulevards va permettre de désengorger la rue Réaumur et les petites artères adjacentes. Mais Jean-Claude Aron, le président de l’association de quartier Franz-Liszt, n’est pas convaincu. «Il y a quelques années, la Ville a inversé la circulation dans certaines rues du quartier, au lieu de commencer par remettre les Grands Boulevards à double sens, créant au passage des embouteillages qui durent parfois une bonne partie de la nuit.» Pour lui, de toute façon, l’affaire est entendue: «Delanoë veut amener le maximum de voitures dans les bouchons, histoire de faire vivre l’enfer aux automobilistes.»

«Pragmatisme»

Le risque? «À force d’empêcher la fluidité du trafic, on va créer de la pollution», s’inquiète Jérôme Arragon, qui travaille à proximité. Sur le sujet, la Préfecture de police indique qu’elle sera particulièrement vigilante. Même discours à la mairie, où l’on dit vouloir rester «pragmatique». Des inversions de sens pourraient-elles être mises en place, au cas par cas, dans les artères alentours si les bouchons devenaient trop importants? Possible.

Déjà, les automobilistes ne pourront que très rarement tourner à gauche (seul deux mouvements autorisés dans le sens République Opéra et un seul dans le sens Opéra-République), afin d’éviter la paralysie aux carrefours. Et, pour être sûr que les conducteurs respectent la consigne, de petits plots blancs ont même été installés.

Les piétons aussi devront procéder à quelques petits ajustements, comme le signale Thierry Zarcone, un riverain: «Je vais devoir m’habituer à regarder des deux côtés avant de traverser.»


Un double sens plus pratique pour les livreurs

SI BON NOMBRE d’automobilistes râlent à cause des embouteillages générés par le nouvel aménagement des grands boulevards, pour les livreurs, le double sens s’avère très pratique. «Je distribue de la marchandise dans plusieurs magasins des deux côtés des grands boulevards, cette nouvelle circulation change donc tout pour moi!» témoigne un livreur du Starbucks Coffee. «Avant j’étais obligé de remonter sur tout le boulevard pour revenir en arrière. Je perdais un temps fou! Maintenant je peux faire des demi-tours très simplement». Quant aux stations de livraisons, deux nouveaux emplacements – en plus des 19 actuels – ont émergé du pavé. Mais d’après des riverains, ce n’est pas suffisant. En outre, comme les trottoirs sont surélevés sur plusieurs mètres à certains endroits, «les camions n’hésitent pas à stationner au milieu de la chaussée», selon un employé du quartier.

source-le figaro

Iamage à la une -Le Boulevard Saint-Denis à Paris en 1951. Depuis le 5 décembre 2012, la circulation se fera dans les deux sens sur l’ensemble des grands boulevards, de la République à l’Opéra.

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