Le Galeriste d’Art Paul Durand-Ruel mis en lumière à La Propriété Caillebotte
A Yerres dans l’Essonne, la Propriété Caillebotte rend un hommage mérité au galeriste et marchand d’art Paul Durand-Ruel, L’exposition, remarquable, « Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme », porte ce personnage emblématique sur le devant de la scène artistique.
Marchand d’art avisé, visionnaire, généreux mécène, il fut aux 19ème et 20ème siècles un immense découvreur de talents.
L’écurie d’artistes peintres qu’il protégeait, défendait, aidait financièrement à vivre, fait partie de la génération des post-impressionnistes. Une troisième génération d’artistes peintres talentueux, souffrant d’un déficit de notoriété.
Durand-Ruel s’en faisait le défenseur, le chantre, après avoir été celui des peintres de l’École de Barbizon, puis des Impressionnistes avant l’heure.
Paul, cet homme pugnace qui ignore les obstacles sinon pour les surmonter, est reconnu par cette exposition d’envergure internationale.
Elle fait découvrir le talent de 5 artistes de l’épopée post-impressionniste. Artistes majeurs, par la qualité de leurs peintures, peu connus du grand public, exposés pour la première fois tous ensemble.
Qui se souvient des noms des peintres Albert André, Georges d’Espagnat, Gustave Loiseau, Maxime Maufrat, Henry Moret ?
Les œuvres exposées proviennent, pour la majorité d’entre elles, de collections privées, dont le Musée du Vatican, Elles sont visibles à la Ferme ornée, dans les anciennes écuries de la Propriété Caillebotte, jusqu’au 24 octobre 2021.
Un contrat inédit entre le marchand d’art et les 5 artistes
Un contrat moral, non écrit, cependant pas léonin, relie les 5 au galeriste. Il stipule un principe d’exclusivité des ventes de leurs tableaux au marchand d’art. Pas toutes les œuvres produites. Mais toutes celles estimées vendables par Paul Durand-Ruel.
Cette liberté de créer sans grande contrainte permettait aux artistes de vivre dans une certaine aisance et tranquillité d’esprit. Surtout durant la douloureuse guerre de 14-18
Paul chouchoute ses artistes, se soucie de tout. les conseille : « faites moi du beau temps plutôt que du mauvais temps, des marines plutôt que des paysages « …
Il les soutient en salle de ventes, organise des expositions à Paris, à New York (dans sa galerie new-yorkaise). Il les expose à coté d’œuvres célèbres et cotées.
Cela représentait pour Paul des achats considérables. Il y investit une parte de sa fortune, risque vingt fois la faillite pour les soutenir.
La richesse des tableaux montrés à La Ferme Ornée
L’exposition prend pied au rez-de-chaussée par un élégant portrait de Paul Durand-Ruel, peint par Pierre-Auguste Renoir (Prêt d’un collectionneur privé).
A l’étage, les 5 artistes dévoilent des natures mortes très colorées, des paysages, des scènes de la mer mais aussi quelques scènes de la vie courante.
Albert André le plus proche affectivement de Paul, signe des compositions paysagères rappelant les Nabis Ou des personnages comme La Femme en bleu ou La Femme aux paons
Georges d’Espagnat originaire de Melun, proche de Yerres, a voulu s’émanciper de la tutelle de Paul, mais est vite revenu à l’écurie, pour des raisons financières. Paul ne lui a pas tenu rigueur de cette désertion. L’affiche de l’exposition, Cirque au Lavandou est sous sa signature. La Gare de Banlieue très connue, prêt du Musée d’Orsay, aussi. On y sent les prémisses du fauvisme.
Maxime Maufra a beaucoup voyagé et signe une impressionnante Thurso Bay peinte en Écosse.
Gustave Loiseau nous fait redécouvrir avec joie Le Pont suspendu à Triel dont les touches rappellent celles du Claude Monet de Giverny. Très influencé par l’école de Pont Aven où il rencontre Gauguin.
Henry Moret affectionne les paysages maritimes et présente en extra un lumineux tableau Les Moissonneurs (Prêt du Musée du Vatican).
La magnifique Propriété Caillebotte
Son parc, ses fabriques, son orangerie, son potager ont survécu à l’appétit des promoteurs grâce à la vigilance du maire de Yerres et des élus de l’époque.
Elle a appartenu au père de Caillebotte qui l’avait racheté au sieur Borrel, célèbre chef du restaurant parisien Le Rocher de Cancale.
Gustave Caillebotte y a vécu 19 ans. Il a peint à Yerres 89 tableaux. Monet y venait souvent « arborer » Cela lui a donné l’idée et l’envie de s’installer ensuite à Giverny
Aujourd’hui propriété municipale en passe de devenir une fondation, la Propriété Caillebotte accueille des expositions de renommée nationale et internationale, d’artistes des 19 et 20ème siècles.
Après 22 années de travaux de rénovation, La Propriété Caillebotte est aujourd’hui un ensemble de petits miracles de chefs d’œuvre patrimoniaux dispersés dans un parc arboré bientôt classé Jardin Remarquable.
A l’Orangerie, Marie-Noëlle de la Poype, sculpte le vide avec des fils d’acier inoxydable. « Photosynthesis », sa forêt d’arbres est mise en musique grâce à une captation de sons diffusant la voix intérieure de l’arbre, quand monte la sève.
Dans la Demeure de la famille Caillebotte, « Martin-Guillaume Biennais L’Orfèvre de Napoléon 1er » est à voir jusqu’au 3 octobre 2021.
A l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur.
Modeste tabletier à l’origine, venu de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, son destin hors du commun étonne. Entrepreneur de talent, il deviendra le fournisseur privilégié de l’Empereur, sa famille et de toute la cour impériale.
Différents chefs-d’œuvre de tabletterie, d’orfèvrerie, d’ébénisterie définissant le style Empire, sont exposés. Le Nécessaire de Campagne fascine encore de nos jours par l’ingéniosité de son aménagement. Nécessaire de voyage de la duchesse d’Otrante, secrétaire à abattant, tabouret en forme de sabres croisés : une riche production diversifiée se laisse voir avec plaisir.
Geneviève Guihard
La Propriété Caillebotte
8 rue de Concy, 91330 Yerres
« Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme » jusqu’au 24 octobre 2021
« Martin-Guillaume Biennais, l’orfèvre de Napoléon 1er » jusqu’au 3 octobre 2021
« Photosynthesis Marie-Noëlle de la Poype » jusqu’au 25 juillet 2021