L’idée de ce billet m’a été inspirée par le processus inéluctable de la victoire du PSG sur l’équipe de Monaco le dimanche 30 août. Les trois buts ont été la consécration d’une domination qui offrait cette particularité d’être irrésistible. L’ennui que ce match a suscité chez moi ne provenait pas de la médiocrité du jeu mais du fait que, jamais aussi nettement, tout le suspense qui donne son sel aux compétitions avait été aboli.
Pourtant l’équipe de Monaco était l’une des rares sur le papier, avec Lyon et Marseille, à pouvoir prétendre rivaliser avec celle de Paris.
Bien sûr ma mémoire, jamais aussi vive que pour les choses pas forcément essentielles, a déjà connu des hégémonies ponctuelles ou durables mais rien de comparable avec le rouleau compresseur massif inarrêtable du PSG : une sorte de Teddy Riner multiplié par onze. Je songe notamment, il y a longtemps, à Nantes avec Gondet et Blanchet, à Rennes avec Rodighiero, à Saint-Etienne avec Mekhloufi ou à Reims avec Kopa, ses attaquants prestigieux et son entraîneur mythique. Plus proches de nous, les sept titres de Lyon.
Mais, même en face de ces superbes groupes, il y avait des résistances, des victoires. Rien n’était jamais joué par avance et le championnat de France gardait sa part d’indécision, les trublions avaient parfois une chance. La puissance ne suscitait pas une impuissance fatale, déprimante.
En considérant la manière tranquille et implacable avec laquelle le PSG a vaincu Monaco, je crains que l’avenir soit déjà écrit – quatre matchs, quatre victoires, aucun but encaissé – et que surtout l’infirmité des vaillantes équipes qui l’affronteront apparaîtra au point de nous faire perdre l’infini plaisir de la surprise, de l’inattendu et du miracle de la faiblesse triomphant, parfois, de la force.
Le PSG a tout pour lui : un argent illimité, des joueurs qui pratiquement, chacun à leur poste, sont les meilleurs en Europe, un entraîneur dont le seul souci doit être de maintenir une bonne entente entre eux et de les convaincre que leurs adversaires sont dangereux contre l’évidence actuelle. Dans d’autres équipes, il y a une ou deux pépites, Fekir à Lyon, Mandanda à Marseille ou Ntep à Rennes mais au PSG il n’y a quasiment QUE des pépites.
Comme j’aurais rêvé d’une équipe se hissant peu à peu au sommet, à la force du pied et de l’intelligence, avec un entraîneur génial et des joueurs, contre toutes les fortunes du monde, s’imposant par leur talent, leur détermination et une sorte de justice immanente !
Le seul remède c’est la coupe d’Europe. Qui contraindra le PSG à se battre contre des rivaux à tous points de vue comparables à lui, parfois mieux pourvus. On verra alors véritablement ce qu’il vaut.
Le PSG, à vaincre sans péril, ne triomphera pas sans gloire en France – ce serait méprisant pour les autres. Son match contre le Real de Madrid ne sera plus une aubaine, une facilité mais une épreuve. Un vrai match.
Vivement le 21 octobre !
Extrait de : Le PSG, à vaincre sans péril….
source Boulevard Voltaire