Paris envisage détourner les stations de métro désaffectées -ses stations fantômes
Sous terre à Paris et Londres ?
Selon la RATP, il existe 11 stations de métro fantômes, des lieux fermés au public soit parce qu’ils n’ont jamais été mis en service, ce sont des stations qui n’ont même pas d’accès depuis la rue; soit parce qu’ils ont été fermés en 1939 au début de la seconde guerre mondiale -une partie du personnel ayant été mobilisée et un service réduit instauré-et que depuis ils n’ont jamais été ré-ouverts. Certaines servent à stocker du matériel de la RATP, la station Porte des Lilas s’est transformée ponctuellement en plateau de cinéma à l’occasion du tournage d’une publicité ou d’un film comme le célèbre « Amélie Poulain ». La station Saint Martin, quant à elle, sert en journée de lieu d’accueil pour les sans abris
Transformer ces lieux perdus en espaces de convivialité.
Si elle est élue, Nathalie Kosciusko-Morizet entend détourner ces stations désaffectées à fort potentiel en mètres carrés disponibles en espaces atypiques tels que restaurant, salle de spectacle, boîte de nuit branchée voire même piscine!
Nager dans le métro
Le pari est osé et pour cela NKM , ex-ministre des Transports de 2010 à 2012, s’est rapprochée des architectes français Manal Rachdi et Nicolas Laisné pour conceptualiser ce projet ambitieux. « Pourquoi ne pas profiter du potentiel souterrain de Paris et inventer de nouvelles fonctions pour ces lieux abandonnés? » suggère Rachdi. Ces lieux pourraient pallier au manque d’infrastructures en surface dans certains quartiers.posées.
En effet pourquoi ne pas reconquérir ces lieux oubliés et perdus? Le challenge est de taille et pourraient s’avérer très coûteux. Il ne fait pas l’adhésion de tous: Jean Michel Leblanc, responsable ingénierie culturelle et patrimoine à la RATP met en garde: les stations fantômes sont toujours considérées comme des voies ferrées et les règles de sécurité s’appliquent encore qu’ elles soient hors d’usage depuis des années ou pas. Seulement 7 d’entre elles seraient transformables. Mais créer des espaces accueillants respectueux des normes de sécurité draconiennes sera difficile et onéreux.
Les architectes sont prêts à relever le défi, mais quand sera-t-il du financement à une époque où les budgets sont sous haute surveillance. Si ce projet veut voir le jour, il faudra peut-être s’inspirer du mode de financement adopté par les initiateurs du projet londonien
A Londres les cultures gagnent du terrain …en sous-sol.
A Londres, il y a un projet de réhabilitation des souterrains de la capitale; Des souterrains chargés d’ histoire puisqu’ils ont servi d’abris à la population pendant les bombardements de la Luftewaffe lors de la seconde guerre mondiale.
C’est l’ambition de deux amis d’enfance Richard Allard et Steven Dring qui ont bien l’intention d’investir les 430 mètres de tunnels sous la ligne nord du métro à 30 mètres sous terre pour le réhabiliter en une grande ferme souterraine qui approvisionnera en produits frais les restaurants et épiceries de la capitale.
A priori on imagine mal consommer des légumes cultivés dans l’obscurité et la poussière d’un tunnel, et pourtant ce projet baptisé « growing underground » est déjà plébiscité par le chef étoilé Michelin Michel Roux Jr. et Neil Sanderson des fameux sachets de salades Florette.
Il permettra d’exploiter plus d’un hectare en culture hydroponique– culture hors sol et ce quelle que soit la saison grâce à la température naturelle constante de 16°C. Même si l’éclairage se fera par LED à raison de 18 heures par jour, la consommation d’énergie reste moins gourmande qu’ une culture en serre. C’est une culture sans pesticides –à cette profondeur il n’y a pas de parasites. C’est une culture qui consomme peu d’eau- 70% de moins qu’une culture classique. Et c’est l’assurance de voir les produits sur les étals moins de 4 heures après leur récolte, gage de fraîcheur et de produits plus goûtus.
Allard et Dring ont eu l’autorisation de tester la viabilité de leur projet avant de s’engager en signant un bail de 25 ans . Pour pouvoir mener à bien leur projet et équiper les allées de bancs de culture, ils ont besoin de 300 000£. Ils ont choisi une option de financement privé en faisant appel aux investisseurs intéressés sur la plate-forme web « Crowdcube » et à ce jour, 6 mars, ils ont déjà collecté 80% de la somme. Gageons qu’ils réussissent!
Deux concepts, deux approches différentes intéressantes, des idées audacieuses, ambitieuses et peu ordinaires des deux côtés de la Manche même si les contraintes techniques sont bien plus conséquentes sur le projet parisien.
Le projet anglais pour nourrir, le projet parisien pour la convivialité.
Merci au Concombre masqué