Double casquettePoliciers aguerris le jour, ils se métamorphosent la nuit venue en auteurs, romanciers, acteurs, dessinateurs, ou sportifs de haut niveau. Portraits de flics atypiques qui ont fait le choix de mener de front deux carrières.
Razis Metlaine, policier romantique
Nombreux sont les prétendants qui, au sein de la préfecture de police, prennent la plume pour raconter leur expérience singulière, leur quotidien mouvementé de flic, dans l’espoir de séduire un producteur, une chaîne de télévision. Evidemment, dans « un milieu aussi fermé que celui du cinéma et du petit écran », explique Razis Metlaine, policier à la direction du renseignement depuis 1995, « les places sont chères ». Pour ce Major de police de 46 ans qui opère aujourd’hui dans une section spécialisée sur la vie locale (surveillance de groupes activistes de tous bords versés dans les nouvelles contestations sociétales), la chance, la volonté… mais aussi le talent, ont fini par être payants, lui permettant de devenir un auteur prolifique, aussi bien pour le 7e art que pour la télévision.
Premiers pas
Lorsque Razis débarque aux RGPP (renseignements généraux de la préfecture de police désormais dénommés direction du renseignement), après avoir fait du « bitume en uniforme » (comprendre de la voie publique en tenue) dans le 3e arrondissement, ses origines kabyles, sa maîtrise de l’arabe littéraire et dialectal le propulsent au sein de la section violences urbaines. Imprégné de cette expérience où s’entremêlent les prémices de la délinquance et de la misère sociale, il écrit son premier téléfilm au titre tout trouvé : Policethnic. Faute d’expérience et de moyens, le projet tombe à l’eau après un pilote diffusé sur France télévision ; mais il en faut plus pour décourager le jeune auteur qui persiste et finit par se faire remarquer par l’agence spécialisée Lise Arif dont il intègre l’écurie riche en jeunes talents. Vient l’heure de la reconnaissance avec des séries à succès comme Julie Lescaut, RIS, police scientifique.
Du petit au grand écran
Sa rencontre avec Alexandre Arcady lui ouvre les portes du cinéma et lui permet de coécrire en 2007 « Le dernier gang » d’Ariel Zeitoun, une relecture des méfaits du célèbre gang des postiches. Dans sa soif de perfectionnement, Razis se forme durant trois ans à l’écriture au conservatoire européen d’écriture audiovisuelle (CEEA), avant d’intégrer la prestigieuse Femis, l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son pour une ultime consécration : devenir réalisateur. « Ecrire pour les autres c’est formidable, monter son propre projet et le mener à bien, c’est mieux » poursuit Razis, avec la volonté de se lancer dans un créneau bien spécifique, la comédie sentimentale policière. |