Ecrit en 2005, c’est-à-dire bien avant que les jongleries financières de traders fous n’aient mis l’Islande sur les rotules, ce livre nous fait partager les aventures de jeunes gens bien élevés qui se mettent à faire des bêtises de plus en plus grosses. Le trafic de marijeane bat son plein sur l’île et la petite bande se dit que le soleil doit briller pour tout le monde à commencer par elle qui débute. Dans l’équipe il y a Stefán, même prénom que l’auteur, qui habite encore chez sa maman dont le mari s’est fait la malle. Comme le petit n’est pas doué pour le travail, il fait la connaissance de Bruno qui décide d’en faire son chauffeur. Il s’agit de piloter une béhème 540 avec des jantes 18 pouces en alu et des pneus taille basse. Le gamin se la pète au volant et roule à donfe dans la rue de Reykjavík. C’était au début des années 2000 parce qu’aujourd’hui, les radars mobiles se trouvent dans toutes les lignes droites en Islande. Stefán conduit et écoute Metallica ou AC/DC tout en se fumant un petit pétard ou sifflant une Beck’s. La seule femme dans la bande, c’est Dágny, un canon et la copine du chef, Bruno. Elle tient aussi lieu de récompense pour ses potes quand ils ont bien bossé. Le boulot de chauffeur consiste également à faire des livraisons et prendre la marchandise à la boulangerie. De fil en aiguille, il se rend à Copenhague, Amsterdam ou Hamburg passer commande. Tout baigne mais seulement en apparence car d’autres dealers détenaient le marché bien avant que cette fine équipe ne déboulle. Le Pharaon qui roule en Pontiac GTO de 1963 ne considère pas la nouvelle concurrence très agréable. La brigade des stup’ ne la trouve non plus à son goût. Fuck, fuck, fuck et bullshit comme le disent les protagonistes du roman qui, en toute logique, se termine mal. Noir, c’est noir !
Un polar singulier, sans fioriture, glacé à souhait, qui propulse le lecteur dans une Islande d’avant la crise cataclysmique.
560 pages, Gallimard Série Noire, 24 €
DLF