Seul contre tous :
L’histoire de la défunte Rhodésie, en Afrique centrale, se confond avec les destins de deux hommes exceptionnels, Cecil John Rhodes et Ian Douglas Smith.
La Rhodésie doit son nom à celui qui finance sa conquête, l’Anglais Cecil John Rhodes, lequel part tenter sa chance en1871 ; le pays nait de la volonté de Rhodes et de l’esprit pionnier et courageux de ses premiers colons Si Rhodes est le « père » du jeune pays des « Lions au cœur fidèle », construction toute britannique, Ian Smith en est certainement la figure emblématique, le symbole par excellence. Ian Douglas Smith nait en 1919 au sein d’une famille de colons écossais dont les affaires prospèrent rapidement.
Comme le souligne son biographe, Jean-Claude Rolinat, « le jeune Smith eut l’enfance privilégié de tous les petits Blancs de l’Afrique anglaise, personnel noir attentionné, camarades de jeux de couleur, car les employés étaient logés par (et avec)le patron ». En 1938, Ian Smith entreprend des études supérieures à la prestigieuse université sud-africaine Cecil Rhodes, puis les interrompt pour s’engager dans la Royal Air-Force afin de combattre l’Allemagne nazie, comme 6500 autres Blancs de Rhodésie (sur 10000 aptes au service) et 1700 Noirs.
Smith se comporte au feu en véritable héros, il est grièvement blessé en 1943, son état nécessitant des opérations de chirurgie esthétique,après des interventions orthopédiques.
Démobilisé en 1946, il rentre en Afrique et achève alors son cursus universitaire.Ian Smith entre en politique en juillet 1948, où il est élu parlementaire de la circonscription de Selukwe, son fief natal. Il fonde son propre parti quelques années plus tard, le Rhodesian Reform Party, qu’il fusionne avec le parti Dominion pour former le Rhodesian Front (RF) qui remporte les élections générales en Rhodésie du sud en 1962. Ian Smith accède alors au poste de ministre du Trésor.
Un an après, la Grande-Bretagne, jamais avare d’une vilenie, déclare qu’elle serait d’accord pour accorder l’indépendance à la Rhodésie du sud, conjointement avec la Rhodésie du nord et le Nyassaland. C’est là le point de départ du combat de résistance de Ian Smith, combat acharné qui va durer pendant quinze ans… face au monde entier !
Le Rhodesian Front remporte une victoire éclatante aux élections générales de 1965 face aux loyalistes. Après l’échec des ultimes tractations avec le Royaume-Uni, Ian Smith, chef du gouvernement de la colonie, signe l’indépendance unilatérale de la Rhodésie, faisant ainsi de son pays un État souverain… qui le restera donc pendant près de quinze ans (1979).
La remarquable biographie de Jean-Claude Rolinat s’attache à décrire le plus fidèlement possible ces années de résistances aux sanctions des pays du Commonwealth et de Washington, aux assauts de guérillas regroupant 50000 combattants armés par l’URSS ou la Chine…
La Rhodésie meurt lors des accords de Lancaster House, en décembre 1979 et devient le Zimbabwe le 18 avril 1980, dirigé par Robert Mugabe (toujours au pouvoir aujourd’hui). On connait la suite, à travers l’actualité de ce pays : expropriation des fermiers Blancs, exil massif(278 000 Blancs en 1976, moins de 30 000 en 2010), aide alimentaire internationale passant de 3 000 tonnes en 1981 à 105 000 dès 1984, etc.
Trahi par les Occidentaux, le Lion Ian Smith meurt en exil au Cap, à l’âge de 88 ans. Ses opposants et ennemis voulaient la prospérité et la liberté, ils ont eu la misère et la tyrannie.
Une page d’histoire à méditer.
Arnaud Robert.
Jean-Claude Rolinat, Ian Smith, Ed. Pardès, décembre 2014, collection « Qui suis-je ? »
128 pages avec iconographie
Je vous remercie pour la publication sur Infos 75 de votre recension de mon livre, relatif à l’exceptionnelle personnalité que fut Ian Smith.
Cordialement,
Jean-Claude Rolinat