Le maître du Vaudeville, Labiche.
Dès que le mot « vaudeville » est prononcé, le nom de Labiche vient instantanément à l’esprit. Il faut dire qu’avec 176 pièces en plus de quarante ans, même écrites à plusieurs mains, Eugène Labiche a non seulement marqué le XIXe siècle, mais continue, plus d’un siècle plus tard, à divertir et amuser le public.
Né à Paris en 1815 dans une famille bourgeoise aisée, il jouit d’une jeunesse heureuse et est facilement reçu au baccalauréat de lettres à dix-huit ans, année du décès de sa mère. Dès l’année suivante, il part en voyage en Italie avec des camarades et rentre six mois plus tard. A son retour, Labiche entame, sans enthousiasme, des études de droit et met six ans à obtenir sa licence, fréquentant assidûment les théâtres…
Il commence l’écriture de nouvelles, puis d’un roman, lequel ne rencontrera qu’un maigre succès. « L’entrée en vaudeville », pour reprendre l’expression de sa biographe Jacqueline Blancart-Cassou, s’effectue de 1837 à 1850. C’est un travail de collaboration avec des amis : Labiche réclame des sujets à ses amis, puis un plan précis, scène par scène, est établi. Enfin, vient la rédaction, avec des couplets. L’ultime étape consiste en légères améliorations du collaborateur, du directeur de théâtre ou des acteurs.
Alors que la carrière littéraire d’Eugène Labiche prend forme, il se marie en 1842 avec Adèle Hubert, fille d’un riche minotier, à laquelle il sera fidèle. Il tâte aussi de la politique à l’occasion de la révolution de 1848 mais, battu aux élections, ses convictions républicaines s’étiolent et Labiche soutient Louis-Napoléon Bonaparte. La représentation d’une nouvelle pièce, Un chapeau de paille d’Italie, en 1851, est un triomphe ; un spectateur, à force de rire, meurt d’apoplexie !
Comme l’ensemble de la bourgeoisie, Labiche soutient le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. En 1853, il achète une belle demeure et six cents hectares de terres à Souvigny-en-Sologne et devient père d’un fils, trois ans plus tard. Labiche continue de produire, chaque année, avec ses collaborateurs, six à huit vaudevilles, des réussites empreintes d’une extrême drôlerie.
1860 est l’année de trois pièces majeures dans l’œuvre d’Eugène Labiche : La Sensitive, Les Deux Timides et surtout Le Voyage de monsieur Perrichon. Dès lors, Labiche est considéré comme un auteur comique à part entière. Son comique repose avant tout sur la peinture d’un milieu et la bêtise de ses personnages. Il devient chevalier de la Légion d’honneur en 1861. Les années suivantes sont celles de la consécration.
Maire de Souvigny de 1868 à 1877 où il renonce à sa fonction, ses conseillers municipaux votant à gauche, élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur en 1870, il est élu à l’Académie française en 1880.
Eugène Labiche, honnête homme et créateur génial, meurt en 1888 d’une maladie cardiaque.
Arnaud Robert
ar@infos-75.com
» Qui suis je? » Labiche de Jacqueline Blancart -Cassou
éditions Pardès 12€ Broché 128 pages