« Au fur et à mesure que je me renseignais sur les rôles respectifs du maréchal Pétain et du général de Gaulle, je constatais que le premier était systématiquement condamné et le deuxième systématiquement louangé.Je n’ai pas trouvé ce procédé très sérieux »
Entretien avec Michel Issaverdens, auteur de Pétain-de Gaulle : quelques mensonges trop répandus (éditions Dualpha)
(propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
C’est en réaction contre de nombreuses affirmations qui devaient être admises comme évidentes, mais qui, peu à peu, me sont apparues comme mensongères. Au fur et à mesure que je me renseignais sur les rôles respectifs du maréchal Pétain et du général de Gaulle, je constatais que le premier était systématiquement condamné et le deuxième systématiquement louangé. Je n’ai pas trouvé ce procédé très sérieux.
Que démontrez-vous à travers votre livre ?
J’ai voulu, simplement, rétablir une vérité plus objective sur ces deux personnages capitaux de notre histoire récente. S’agissant du maréchal Pétain, j’ai considéré que les erreurs qu’il a pu commettre ne justifiaient pas sa condamnation à mort ni, d’ailleurs, sa condamnation morale officiellement imposée à l’esprit des Français. Dans la situation épouvantable où il s’est trouvé, face aux nazis, qui peut dire qu’il aurait fait mieux ?
Quels reproches feriez-vous au maréchal Pétain ?
Sans doute à cause de son grand âge, d’avoir toléré de la part de certains de ses ministres, et notamment de Pierre Laval, des actes contraires à sa politique. Laval menait une politique ouvertement pro allemande. Cela dit, Pétain l’a renvoyé dès la mi-décembre 1940. Ce sont les Allemands qui ont imposé son retour. Peut-être le maréchal Pétain aurait-il dû, à ce moment-là, marquer clairement son refus de le voir revenir à la tête du gouvernement. Mais, comme il l’a expliqué plus tard, les Allemands disposaient de moyens de chantage terribles, notamment avec les 1,5 million de prisonniers.
En sens inverse, que portez-vous à son crédit ?
Entre les deux guerres, de s’être battu, souvent en vain, pour moderniser l’armée face au péril qui menaçait (cette action est aujourd’hui passée sous silence) ; d’avoir sauvegardé la Flotte, l’Empire et une partie du territoire métropolitain avec l’armistice, ce que la capitulation n’aurait pas permis ; pendant la guerre, d’avoir résisté comme il a pu face aux nazis, présents jusque dans son immeuble ; d’être resté en métropole fin 1942 pour empêcher la mise en place d’un gauleiter ; d’avoir protesté violemment et à de nombreuses reprises contre les exactions nazies ; d’avoir fait vivre le pays tant bien que mal malgré les très lourds prélèvements opérés par les Allemands ; d’avoir gardé le contact avec les Alliés malgré la défaite ; d’avoir lancé la reconstitution d’une armée en Afrique du Nord… Bref, d’avoir permis, le moment venu, la participation de la France à sa libération.
En conclusion ?
Je viens de relire le compte rendu du procès Pétain paru au Journal Officiel et suis, une nouvelle fois, atterré. Ce n’est pas de la justice, c’est de la vengeance. Rien n’est fait conformément à ce que doit être la justice d’un pays démocratique : attitude du président, déclarations du procureur avant le procès, désignation des jurés. Quant à la condamnation pour intelligence avec l’ennemi : qu’on essaye d’imaginer la lutte de chaque jour qu’a été cette période, et qu’on lise ce qui s’est vraiment passé à Montoire : on verra que, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire aujourd’hui, le maréchal Pétain a défendu sa patrie pied à pied, ne lâchant rien d’essentiel. Dès cette date, les Allemands, d’ailleurs, l’appelleront « le vieux renard » ou « le maréchal Nein ». C’est tout dire.
Pétain-de Gaulle : quelques mensonges trop répandus de Michel Issaverdens, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 162 pages, 21 euros.