Montherlant, entre indépendance, indifférence et volupté
Henry de Montherlant est incontestablement l’un des écrivains, avec Jean Giono ou Georges Bernanos, qui aura marqué sa génération. Né à l’aube du XXe siècle dans le milieu bourgeois d’Ancien Régime du Gâtinais, Henry est éduqué par une mère aimante, qui se désespère du manque de spontanéité affective de son fils.
La famille Montherlant, après avoir habité dans le XVIe arrondissement de Paris, déménage à Neuilly où Henry habite jusqu’en 1925. Élève à l’école Saint-Pierre où il est condisciple d’Aragon, puis au lycée Sainte-Croix de Neuilly, Henry obtient la première partie du baccalauréat avec mention, avant d’en être renvoyé pour « amitié particulière » avec un camarade. Son père décède en 1914 et sa mère, l’année suivante.
Montant au front en 1918, grièvement blessé, il est démobilisé et reçoit la Croix de guerre. C’est à partir de 1920 que naît Montherlant écrivain, avec un ensemble de textes lyriques en relation avec son passé de collégien, La Relève du matin. Il élabore une conception du monde et de la morale visant à comprendre tous les mouvements des hommes. Adoptant une attitude stoïcienne, pour Montherlant, « tout est vrai ». Il s’applique à forger l’idée de la « feinte », selon laquelle il faut avoir conscience de la vanité de l’existence. Pendant quinze ans, les œuvres se succèdent à un rythme soutenu : les Olympiques, puis le célèbre roman Les Bestiaires consacré à sa passion pour les courses de taureaux, le fondateur Aux fontaines du désir, L’exil, sa première pièce, l’incontournable essai Mors et Vita consacré à la Première Guerre ou Encore un instant de bonheur, son unique recueil de poésie. Montherlant devient un auteur à part entière.
En 1936, il ouvre le cycle de la tétralogie romanesque Les Jeunes Filles qui s’achèvera en 1939. Pendant la guerre, Montherlant devient correspondant pour le journal Marianne et publie également le Solstice de juin, essai controversé. Il enchaîne ensuite l’écriture de très nombreuses pièces de théâtre, où le sentiment et l’émotion constituent le ressort dramatique, à commencer par La Reine morte (1942), Malatesta (1946) jusqu’à La Guerre civile (1964). Elu à l’Académie française en 1960 sans avoir déposé de candidature, Montherlant renoue avec le roman en 1963, en publiant Le Chaos et la nuit. Malade et presque aveugle, Henry de Montherlant se suicide le 21 septembre 1972, en pleine période de changement d’hémisphère céleste.
Un écrivain à (re)découvrir à travers cette biographie passionnante.
Arnaud Robert.
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