Dès les premières pages, le lecteur se délecte des informations contenues dans ce livre avec toute l’histoire de la construction européenne lancée au début des années 1950. Le but affirmé était que les pays ne se jettent plus dans des guerres des plus meurtrières avec un projet comme la Ceca, 1952, (Communauté européenne du charbon et du fer).
Plus tard, en Août 1954, c’est l’Assemblée Nationale Française qui a refusé le traité CED, Communauté Européenne de Défense, laissant les autres pays européens consternés et offrant ainsi un boulevard aux Américains et à l’Otan.
Mais l’auteur s’intéresse aussi aux agissements de la Commission européenne avec ses 56 000 fonctionnaires dont 33 000 destinés à cette cet organisme. Ils bénéficient de salaires compris entre 2 600 € et 4 400 €. Le président touche, lui, 13 000 €, soit deux fois plus qu’un député français. C’était le cas de José Manuel Durão Barroso qui a laissé un bien triste souvenir et qui n’a pas vraiment brillé durant son mandat.
Ce que souligne l’auteur, c’est que le vrai pouvoir se trouve à la commission avec des diplomates non élus et entre des experts qui travaillent derrière des portes closes. Côté parlement, ce n’est pas par hasard qu’un Mélanchon, Nigel Paul Farage, le mouvement 5 étoiles, le PVV néerlandais, l’Aube Dorée grecque et Jobbik hongrois, tous anti-européens, se soient retrouvés dans cette assemblée.
Jean Quatremer note aussi qu’au 18ème siècle, quand la France a réuni ses régions, seul 10 à 20% parlait le français. Il s’insurge également sur cette nomenklatura chinoise qui achète à tour de bras des vignes, des entreprises high-tech, des clubs de foot comme l’AC Milan et qui nous inondent avec des panneaux solaires de piètre qualité qui ont permis de mettre à la faillite les fabricants allemands et français.
Alors que pour créer une entreprise en Chine, il faut réaliser une coentreprise avec 50% pour le partenaire local et 50% pour la boîte qui s’y installe. De même, l’annexion de la Crimée aurait dû provoquer de vives réactions mais la Commission européenne s’est tenue à distance et n’a fait aucun commentaire.
Elle n’intervient jamais sur les sujets importants mais règlemente, hardi-petit, sur la taille des balais de chiotte.
Un livre magnifiquement intéressant
Calmann-Lévy. 311 pages.
17,50 €. Format 21,5 x 13,5 cm
Dominique LE FUR