« Si Hitler avait survécu, aurait-il dicté comme Napoléon l’a fait,
une sorte de mémorial de Sainte Hélène afin de justifier, expliquer et regretter aux yeux de l’histoire, les actions qui l’ont conduit au triomphe, puis à la défaite totale… »
Entretien avec Serge Vermain dit des Argélas d’Arbouse, auteur de Le Mémorial de Kountsevo (éditions Dualpha) (propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Tout d’abord, qu’est-ce que Kountsevo ?
Kountsevo est un village où se trouve la datcha de Joseph Staline. Proche de ce village, un camp est réservé aux personnages importants.
Votre roman est donc une uchronie…
Parfaitement ! Le 30 avril 1945, pour le monde entier, Adolf Hitler, Führer du IIIe Reich, a mis fin à ses jours, ainsi que son épouse Eva Braun. Et si cela n’avait pas été le cas ? Si Joseph Staline, maître de l’Union soviétique, en avait décidé autrement. Et si Staline avait ordonné à ses services de capturer à tout prix et secrètement Hitler avec la complicité de son secrétaire particulier Martin Bormann ; celui-ci avait-il agi pour sauver sa vie ? A-t-il agi par idéologie et dans ce cas depuis quand trahissait-il ?
Avec les époux Hitler et Martin Bormann, deux fidèles parmi les fidèles du Führer – dont le narrateur – vont être les témoins privilégiés des échanges entre les deux dictateurs… Si Hitler avait survécu, aurait-il dicté comme Napoléon l’a fait, une sorte de mémorial de Sainte Hélène afin de justifier, expliquer et regretter aux yeux de l’histoire, les actions qui l’ont conduit au triomphe, puis à la défaite totale…
Pourquoi ce livre et ce thème ?
L’apocalypse du nazisme et le fantasme de la survie d’Adolf Hitler m’ont conduit à une double réflexion. Cette survie aurait-elle été possible ?
Dans cette perspective, pour moi, la seule hypothèse vraisemblable ne pouvait être que la capture d’Hitler par les Russes. Cette possibilité permettait alors d’imaginer la confrontation d’Hitler et de Staline.
Sous ma plume les personnages se sont animés, échappant en partie à « l’auteur témoin » que j’étais devenu !
Les entrevues Hitler-Staline qui se déroulent, paradoxalement sans drame, révèlent une sorte de complicité entre deux joueurs ayant fini une terrible partie. Les dialogues permettent de saisir la proximité de deux dirigeants enfin apaisés.
Pourquoi avez-vous prolongé ce récit jusqu’à la fin du XXe siècle ?
La vie du monde s’est bien sûr poursuivie après la disparition de ces deux dirigeants. Et ce, sans que personne ne fasse vraiment le rapprochement entre ce passé proche et cet avenir qui se prépare sous nos yeux.
En particulier, malgré une certaine proximité de ces deux régimes qui se sont opposés dans une lutte à mort, la postérité leur a organisé un sort très différent. Une condamnation totale, sans une once de réflexion pour Hitler ; une compréhension complaisante pour Staline.
Ce livre esquisse les raisons de ce traitement qui perdure aujourd’hui. En particulier dans les médias dès lors que ces derniers traitent de la gauche ou de la droite. Méconnaissant au passage que le nazisme était socialiste tout en étant national.
Le Mémorial de Kountsevo de Serge Vermain dit des Argélas d’Arbouse, 206 pages, 25 euros, éditions Dualpha, collection « Fictions populaires », dirigée par Philippe Randa.
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