Ce livre a été publié pour la première fois en 1979 et adapté au cinéma en 2001 dans son pays d’origine, la Corée du Sud, connue aujourd’hui par les Hyundai, Samsung ou LG. L’action de ce roman ou plutôt de cette saga historique remonte à l’époque où la partition entre les deux Corée n’était pas encore une réalité et que la partie Nord soutenue par la Chine communiste et les Soviétiques combattait contre les forces démocratiques épaulée par l’armée américaine.
C’est dans ce contexte que l’inspecteur O Pyŏngho se retrouve à élucider un meurtre, puis un deuxième. Au commissariat, ces affaires dépassent les flics de base et c’est donc avec la bénédiction du grand chef que notre inspecteur va mener l’enquête avec un budget conséquent. En investiguant sur le premier crime, il découvre que l’auteur pourrait bien être un individu qui vient de purger vingt ans de prison. Chemin faisant, il se rend compte que d’autres pistes se font jour et les suspects ne manquent pas. L’inspecteur O Pyŏngho devra démêler un véritable écheveau, tout en révélant un certain nombre de blessures mal cicatrisées du fait du conflit qui se soldera par un Nord communiste, dirigé par une dictature transmise de père en fils.
Du coup, la traque des coupables ne se fait pas sans que l’inspecteur s’attire des ennuis. Heureusement pour le héros, le policier a un ami journaliste et n’hésite pas à se confier à lui. Comme il n’existe que deux quotidiens, une guerre sans merci va se livrer entre les deux titres à propos des conséquences de mise à jour des faits oubliés. Les coups bas fourmillent car les fantômes n’aiment surtout pas sortir des placards par un réveil trop brusque.
Ce qui étonne le plus le lecteur dès les premières pages, c’est le côté Samouraï de l’inspecteur, inconsolable depuis le décès accidentel de son épouse. Lorsque d’autres femmes s’intéressent à lui, il ne les voit même pas.
Quand l’une d’elle, la divine Hae’ok, se déclare à lui, il botte en touche prétextant qu’il n’est pas encore prêt. Le même scénario se reproduit à chaque rencontre avec la gente féminine. Même bourré, il reste de marbre. Seule sa recherche de la vérité le fait vibrer et lui permet de tenir debout. Elle le ramène inexorablement aux monts « Chirisans » en 1952, car les événements qui s’y sont déroulés vont se révéler extrêmement précieux pour son enquête.
Plus qu’un remarquable roman policier, Le Dernier Témoin rend compte de manière sociologique et ethnologique, avec une somme très importante de notations, sur la vie quotidienne de la population, de sa façon de manger et de boire. Dépaysement garanti, excellentissime, un polar d’exception.
Un thriller coréen passionnant ! DDDDD
453 pages, Actes Noir (Actes Sud), 23,50 €
Format 14,5X24 cm. Broché
Dominique LE FUR