Lire: Le ciel de la chapelle Sixtine de Leon Morell

Michel-Ange : Le génie est affaire de patience éternelle

Il y a 450 ans, disparaissait le sculpteur, peintre, architecte et poète italien Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange en français. Fils d’une famille ruinée, il est l’élève du célèbre peintre fresquiste Ghirlandaio, mais se sent et se veut avant tout sculpteur, embauché au palais Médicis en 1489 qu’il quitte pour Venise trois ans plus tard, puis ce seront Bologne, Rome (réalisation de la « Pièta » de la basilique Saint-Pierre) et enfin Florence, en 1501 (réalisation de « David »). En 1505, Michel-Ange, alors âgé de 33 ans, retourne à Rome à la demande du pape Jules II, qui entend lui confier les sculptures de son tombeau… mais l’histoire en décidera autrement !

Le livre de l’écrivain berlinois Leon Morell, auteur de nombreux romans et fictions, se présente comme un roman historique, mais sa rigueur historique et artistique en fait également un remarquable document sur l’histoire du  grand  chef-d’œuvre de la Renaissance : la réalisation de la fresque la plus importante de la chrétienté, le plafond de la Chapelle Sixtine ! 

 Victime impuissante d’une tragédie personnelle, le jeune Aurelio rejoint Rome où il réalise son rêve d’entrer au service de Michel-Ange… A travers la destinée du jeune apprenti, au cœur d’une Rome plus décadente que jamais, s’écrit la genèse, pendant près de cinq terribles années, de la création du « ciel » de la Chapelle Sixtine. Cinq années où Michel-Ange devra affronter les intrigues de ses rivaux,  Bramante, architecte de la basilique Saint-Pierre, et son protégé, le peintre Raphaël, l’humeur colérique de Jules « César » II, pape ami des arts, à la santé hors-norme, voulant faire de l’Etat pontifical une grande puissance… Michel-Ange aura également à surmonter des difficultés liées à la réalisation de la fresque, difficultés physiques (la voûte s’élève à 20 mètres) mais aussi techniques, comme celles de chancis (moisissures) de l’intonaco (enduit de chaux fin). Michel-Ange luttera, aussi, contre lui-même : continuelles réflexions sur la conception de ses oeuvres, soucis constant de la perfection artistique, méditations sur le don reçu de Dieu et l’exigence qu’il implique en retour.

 Le lecteur chemine avec Aurelio  à travers Rome, capitale du monde, arrosée par le Tibre, avec ses artisans, ses palais (celui du banquier Chigi), ses courtisanes (la belle Imperia ou les personnages de fiction de Margherita et Aphrodite), ses mercenaires et ses quartiers insalubres !  Avec Aurelio, on apprend la vie d’une bottega (atelier d’artistes), à dresser un échafaudage, à maîtriser la chaux, à poser des enduits…       

 Le piège imaginé par son rival Bramante, alors que Michel-Ange n’a que peu d’intérêt pour la peinture, fera finalement sa gloire, les représentations impressionnantes de la Genèse, avec une maîtrise parfaite du mouvement des corps et de l’anatomie humaine, révolutionnant la peinture occidentale.     

Inaugurée le 31 octobre 1512 par Jules II, fruit du don exceptionnel et de la volonté inébranlable d’un artiste humble et génial, le « ciel » de la Chapelle Sixtine  demeure une œuvre à nulle autre pareille.

Le roman passionnant d’une époque foisonnante, qui porta haut la civilisation européenne.

 Arnaud Robert.