Voir/Lire/Ecouter

Lire :François Brigneau, un homme de caractère et de convictions

Alors que notre morne et grise époque se pâme devant une ribambelle de gloires artificielles, l’inculture crasse et la bêtise à front de taureau camouflent les esprits curieux, audacieux et portés à la rébellion, dans le vrai sens du terme, à l’opposé de celui détourné et déformé par le petit monde de la bourgeoisie médiatique.

Qui connait François Brigneau, parmi les moins de quarante ans ?  Pourtant, ce nom, en 1965, apparaissait en seconde position d’un sondage de l’IFOP relatif à la notoriété des journalistes. Il faut dire, aussi, que l’intéressé a tout fait pour se faire remarquer en… mal des canons de la bien-pensance en vigueur et se trouver de facto relégué au rang des infréquentables !

Né à Concarneau en 1919, il est le fils d’un directeur d’école, pacifiste, laïque, syndicaliste et d’une couturière à la journée, croyante ; le couple est marié civilement, ce qui reste rare à l’époque. Enfant, il lit beaucoup et s’intéresse à l’aventure maritime en solitaire, à la littérature, au football, au vélo, et veut déjà devenir journaliste, comme Jules Vallès et Henri Béraud !  A douze ans, il fonde son premier journal, David…  A seize ans, le jeune homme, qui pense « à gauche » puisqu’il est imbibé de cette culture, commence à lire des écrivains « de droite » (Brasillach, Léon Daudet, Drumont, Pierre Gaxotte, Marcel Aymé, Simenon…) à côté d’auteurs comme Fargue, Léautaud ou Aragon.

La guerre éclate et Brigneau se retrouve dans l’infanterie, incorporé au 57e de ligne en tant qu’élève officier. Il démissionne de son école d’officiers et se porte volontaire pour le front. La défaite le bouleverse, mais un seul soldat trouve grâce à ses yeux : le maréchal Pétain, héros de Verdun, revenu d’Espagne et prenant la tête d’un pays en ruines. En novembre 1942, François Brigneau s’installe à Paris, où il exerce tous les métiers : débardeur, démarcheur à la commission, livreur à vélo, manoeuvre, pointeau, chef d’équipe… C’est à cette époque qu’il découvre Robert Brasillach, éditorialiste au journal anti communiste  Je suis partout ; il admire le style, l’écriture, le mélange d’humour et de tendresse, de gentillesse et d’intelligence de Brasillach. Compromis, engagé, Brigneau se retrouve à la prison légale de Fresnes, après avoir été battu, avoir frôlé la mort, une expérience dont il restera à jamais marqué.    

Il recouvre la liberté en décembre 1945 et débute alors sa carrière journalistique à Paroles françaises, en compagnie de Pierre Boutang, Philippe Ariès ou encore un certain Antoine Blondin.  Il écrit ensuite dans de nombreux organes de presse : L’Indépendance française, Ici-France, La Dernière Lanterne… avant d’entrer dans la grande presse, à France Dimanche.   

Rédacteur en chef adjoint à Rivarol en 1951, il rejoint Paris-Presse de 1956 à 1962, puis L’Aurore jusqu’en 1964, avant de choisir Minute, qui tire alors à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, où il restera jusqu’en 1987. Il participe au lancement du quotidien Présent en 1982, puis à celui du Choc du Mois en 1987, avant d’être le chroniqueur principal de National-Hebdo de 1987 à 1998.

Sa biographe, Anne Le Pape, livre de Brigneau un remarquable portrait, où toutes les identités de l’homme sont dévoilées : le journaliste, le polémiste et l’écrivain, bien sûr, mais aussi le Breton, le  marin, le sportif, l’amateur éclairé de télévision… Le militant infatigable, enfin et surtout, attaché charnellement à la terre des pères.

Un ouvrage bien complet, richement illustré et intelligemment construit.

Arnaud Robert.

«Qui suis-je?» Éditions Pardès

BRIGNEAU,  de Anne Le Pape

14×21

128 p., illustré

12 €

ISBN 978-2-86714-484-4    

Laisser un commentaire