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Lire: « Edmond Rostand » par Jacqueline Blancart-Cassou Editions Pardès

Edmond Rostand : panache et idéal
Après dix biographies des plus grand dramaturges données aux éditions Pardès, Jacqueline Blancart-Cassou récidive à notre grand plaisir, offrant un portrait remarquablement fouillé d’Edmond Rostand, bien au-delà de l’image banale et ordinaire de l’auteur de Cyrano de Bergerac à laquelle Rostand est trop souvent réduit.
Né en 1868 dans une famille bourgeoise et croyante, où musique et poésie se répondent naturellement, Edmond Rostand, enfant sage et raisonnable, parfois facétieux, est choyé par des parents aimants. Edmond a une petite sœur, Juliette, née quatre ans après lui. La famille Rostand vit à Marseille et va passer les vacances d’été à Luchon, en Haute-Garonne. Adolescent, Edmond fait montre de brillantes prédispositions littéraires, tant en français qu’en histoire. Après des études secondaires à Paris, il entame une licence de droit à la Sorbonne en 1886. Rostand sympathise avec Rosemonde Gérard, rencontrée à Luchon à la même période.
En 1888, il poursuit ses études de droit sous la pression de ses parents, tout en réalisant un vaudeville qui fait un four.  Edmond Rostand se marie à Rosemonde en 1890 et un fils, Maurice, nait l’année suivante, suivi d’un petit Jean, trois ans plus tard. Installé, bénéficiant du soutien critique et avisé de Rosemonde, Edmond Rostand peut déployer la palette de son (vaste) talent : il écrit un recueil de poèmesLes Musardines en 1890, la pièce Les Romanesques est jouée avec succès à la Comédie-Française en 1894, écrit deux autres pièces pour Sarah Bernhardt en 1895 (La Princesse lointaine) et en 1897 (La Samaritaine).
Sa grande œuvre voit le jour la même année, avec le triomphe sans égal dans l’histoire du théâtre français, de Cyrano de Bergerac, « comédie héroïque » empruntée au parcours de l’écrivain Cyrano de Bergerac, découpée en cinq actes et magnifiquement délivrée en vers. Jacqueline Blancart-Cassou s’emploie à décortiquer minutieusement la genèse de l’œuvre sous ses différents aspects : origine historique, action de la pièce, rédaction, mise en scène (un aspect primordial chez Rostand, lequel ne laisse aucun détail au hasard) et réception par le public et la critique.
La biographe procède pareillement à l’égard des deux autres œuvres majeures d’Edmond Rostand : L’Aiglon (1900) et Chanteclerc, à la naissance plus laborieuse (1910).  On constate que l’œuvre de Rostand est largement entremêlée à sa propre existence, lui, le poète national, récipiendaire de la Légion d’honneur en 1898 et élu à l’Académie française en 1901, au moment même où il s’installe à Cambo-les-Bains pour y faire construire sa résidence, son refuge, Arnaga.
Les années 1910 sont celles des épreuves : à la guerre qui affecte le patriote Rostand, s’ajoutent une santé de plus en plus précaire (migraines et fatigue) et une désaffection entre lui et son épouse Rosemonde, laquelle ira jusqu’à la rupture, au moment du décès de Rostand père, en 1915.  Alors intime de la poétesse Anna de Noailles, puis séduit par l’actrice Mary Marquet, Edmond Rostand meurt à la fin de l’année 1918 de la grippe espagnole, à l’âge de cinquante ans.
Jacqueline Blancart-Cassou brosse le portrait d’un Edmond Rostand profondément attachant, fragile émotionnellement, en proie au doute et tourmenté par le sens profond de l’existence, perfectionniste dans ses entreprises artistiques et romantique au plan littéraire, dans le sillage d’un Musset.
Une biographie très réussie et passionnante d’Edmond Rostand, l’homme toujours élégant, le poète « virtuose de la versification » comme le nomme sa biographe et le dramaturge immortel.
Arnaud Robert.
« Edmond Rostand » par Jacqueline Blancart-Cassou
Editions Pardès
128 pages – 12 euros

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