Covid-19 : un point de vue intéressant, mais peu convainquant
Les ouvrages traitant de la crise sanitaire du Covid-19 se multiplient depuis le début de cette pandémie née en République Populaire de Chine, chaque auteur souhaitant apporter sa pierre à l’édification de la vérité ou plus exactement de sa vérité. Le livre de Daniel Farnier est un essai se présentant par-delà les querelles et polémiques et, plus encore, prétendant à une certaine objectivité. Or, cet essai est clairement partisan et alimente en conséquence la polémique. Un tiers de l’ouvrage est consacré aux masques et à l’absence d’un stock suffisant, prouvant au passage qu’il y eu un (très) sérieux problème au démarrage de la crise, du 17 mars 2020 jusqu’à début juin 2020, facilitant d’autant la propagation du virus pendant près de deux mois et demi.
On peut toujours tenter de dédouaner le gouvernement en place grâce à la bonne vieille ficelle des prédécesseurs : le pouvoir macronien a toutefois disposé de trois ans pour comptabiliser les masques disponibles et reconstituer un stock à niveau. Il n’en a rien fait. Durant cette même période, ce sont 12200 lits d’hôpitaux qui ont été fermés (et 5700 supplémentaires en 2020), provoquant la panique des autorités pour accueillir les malades du Covid, faute d’une capacité suffisante. On rappellera enfin, au chapitre des masques, que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, déclarait sans ciller, le 26 janvier 2020, qu’il n’y aurait pas de pénurie de masques en cas d’épidémie, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, affirmant quant à lui, le 18 mars 2020, qu’il ne servait à rien de porter des masques dans la rue…
Tout en applaudissant les actions menées par les autorités, Daniel Farnier ne manque pas d’égratigner les médecins libéraux (page 53), les professionnels de la montagne, les restaurateurs et les organisateurs d’événements (page 130), toutes professions ayant eu le culot de critiquer certaines mesures gouvernementales. Même les journalistes, pourtant d’une servilité sans limite, n’en n’ont pas fait assez : « ce sont les approximations des journalistes qui créent le couac » (sic, page 136). Manifestement, Daniel Farnier ne regarde pas souvent BFM TV ! Le confinement à domicile de la population est assez vite abordé, même si le cas suédois est honnêtement traité ; l’auteur oublie cependant de préciser qu’avec une politique beaucoup plus libérale, la Suède (10,5 millions d’habitants) a enregistré un nombre de décès attribués au Covid légèrement inférieur (19 500 en juillet 2022) à celui d’une France planquée de force à la maison (67 millions d’habitants et 150 000 décès en juillet 2022). La vraie différence se situant au niveau de l’endettement et des déficits publics… mais diantre, quelle importance que l’économie ?
Daniel Farnier évoque également les tests Covid (le coût pour les contribuables dépasse les 10 milliards) et la campagne vaccinale, reprenant les éléments de langage des autorités, le vaccin présenté comme arme de destruction massive du virus, faisant fi de l’immunité naturelle ou des traitements, comme en Inde ou au Japon. Or le vaccin n’a nullement empêché ni la contamination, ni la transmission. Surtout étendu à toute la population, sans aucun ciblage et favorisant la multiplication des variants et la poursuite de l’épidémie. Même Albert Bourla, patron de Pfizer, après quatre doses de vaccin a choppé le virus ! Aucun journaliste, du moins en France, pays des certitudes et du conformisme intellectuel, ne s’est interrogé sur la situation de la cinquantaine de pays africains (1,3 milliard d’habitants) : moins de 22 % de la population du continent vaccinée et seulement… 2% des cas mondiaux de Covid-19. Deux pour cent… Le retour au réel est bien cruel…
Les restrictions des libertés individuelles et publiques, avec la mise en place des « passe sanitaire » puis « vaccinal » sont rapidement évacuées par l’auteur, qui ne trouve rien à en redire. Stigmatiser et insulter, comme l’a fait le président de la République, en janvier 2022, une partie des Français, qui a-il-donc à commenter, puisque c’est pour la bonne cause et le bonheur des gens, n’est-ce pas ? Orwell est enfoncé. Citons, pour conclure, notre président omniscient, dont le propos résume admirablement l’incroyable cirque généré par la « gestion » de la crise sanitaire : « le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis » (Emmanuel Macron – 29/04/2021). Merci, président !
Accordons à Daniel Farnier le courage d’avoir tenté de défendre l’indéfendable avec cet essai. Comme le dit le patron du « Conseil scientifique », Delfraissy (22 juillet 2022) : « nous avons parfois été instrumentalisés« . Ah bon ? Sans blague ?
Arnaud Robert.
Titre : « Covid-19 Des solutions, pas de polémiques »
Auteur : Daniel Farnier
Editeur : Editions du Panthéon
282 pages
Prix : 20,90 euros
3 étoiles sur 5