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Lire :Apollinaire et les femmes, d’Alexandre Dupouy

Dans Souvenirs sur Apollinaire (1945), Louise Faure-Favier intitule le dix-huitième chapitre de son ouvrage « Apollinaire et les femmes ou le chapitre impossible », en soulignant qu’il est encore bien trop tôt pour démêler l’écheveau des amours de son ami poète. Depuis, de nombreuses études et biographies sur Apollinaire sont parues, mais aucune sur la place essentielle qu’occupent la sexualité et les femmes dans la vie et l’œuvre de l’écrivain.

Qu’elles se soient appelées Mareye, Linda, Annie, Marie, Lou ou Madeleine, les femmes du « Mal-Aimé » n’ont jamais semblé pouvoir assouvir les désirs du poète. Il y faut davantage : des centaines de lettres et de poèmes où l’obscène le dispute à la splendeur du verbe, une œuvre érotique parmi les meilleures du siècle, une activité d’éditeur bravache pour faire découvrir Sade ou Nerciat au profane.

Mais qu’est-ce qui fait courir Apollinaire, quel est donc ce feu sacré qui couve, ce désir qu’il s’agit de brûler ?

Cet ouvrage révèle la face cachée du grand poète, monument de la littérature française, éternel jouisseur dont la hardiesse bucolique-pornographique éclate : « Si tu savais comme j’ai envie de faire l’amour, c’est inimaginable. C’est à chaque instant la tentation de saint Antoine, tes totos chéris, ton cul splendide, tes poils, ton trou de balle, l’intérieur si animé, si doux et si serré de ta petite sœur, je passe mon temps à penser à ça, à ta bouche, à tes narines. C’est un véritable supplice. C’est extraordinaire, ce que je peux te désirer. […] Mon Lou je me souviens de notre 69 épatant à Grasse. Quand on se reverra on recommencera. » (Lettre de Guillaume à Lou, 13 janvier 1915)

Chercheur, écrivain et photographe, Alexandre Dupouy a notamment publié Apollinaire, Œuvres érotiques complètes (La Musardine, 2013). Plus récemment, il a collaboré à l’exposition Splendeurs et misères, images de la prostitution, 1850-1910 (Musée d’Orsay, 2015-2016) et publié Casque d’Or, une histoire vraie (co-édition Astarté/La Manufacture de livres, 2015).

kk

 

  • Broché: 440 pages
  • Prix  :    18€
  • Éditeur : La Musardine (24 mars 2016)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2842718038
  • ISBN-13: 978-2842718039
  • Dimensions du produit: 13,3 x 3,9 x 21,4 cm

info :Musée de l’Orangerie

Aquarelliste

À Mademoiselle Yvonne M…

Yvonne sérieuse au visage pâlot
A pris du papier blanc et des couleurs à l’eau
Puis rempli ses godets d’eau claire à la cuisine.
Yvonnette aujourd’hui veut peindre. Elle imagine
De quoi serait capable un peintre de sept ans.
Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps
Et puis la ressemblance est un point difficile
À saisir, il vaut mieux peindre de l’immobile
Et parmi l’immobile inclus dans sa raison
Yvonnette a fait choix d’une belle maison
Et la peint toute une heure en enfant douce et sage.
Derrière la maison s’étend un paysage
Paisible comme un front pensif d’enfant heureux,
Un paysage vert avec des monts ocreux.
Or plus haut que le toit d’un rouge de blessure
Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s’azure.
Quand j’étais tout petit aux cheveux longs rêvant,
Quand je stellais le ciel de mes ballons d’enfant,
Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette,
Des paysages verts avec la maisonnette,
Mais au lieu d’un ciel triste et jamais azuré
J’ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.

Guillaume Apollinaire, Alcools

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