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Amin Maalouf entre à l’Académie française

Avec lui, c’est un peu le Liban qui entre à l’Académie française, même si sa patrie reste l’écriture : l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été admis jeudi sous la Coupole. Elu le 23 juin pour succéder à Claude Levi-Strauss, il a plaidé pour un rapprochement entre Orient et Occident, pierre angulaire de son oeuvre.

Avec son élection, les immortels confirment leur souhait d’accueillir parmi leurs 40 membres des auteurs d’origine étrangère, après avoir élu Hector Biancotti, né en Argentine et décédé mardi, François Cheng né en Chine et Assia Djebar, née en Algérie.

Le discours du nouvel académicien
« Après les roulements de tambours, les roulements de langue ! », s’est amusé le premier Libanais à être élu à l’Académie française, faisant résonner son accent lors du discours d’éloge de son prédécesseur, le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss décédé le 30 octobre 2009.

« J’apporte avec moi tout ce que mes deux patries m’ont donné : mes origines, mes langues, mon accent, mes convictions, mes doutes, et plus que tout peut-être mes rêves d’harmonie, de progrès et de coexistence », a relevé le nouvel académicien devant ses pairs, sa famille émue et ses nombreux amis venus de son pays natal, des Etats-Unis ou de l’île d’Yeu, son refuge d’écrivain.

Un parterre de personnalités a aussi applaudi chaleureusement son discours. Aujourd’hui, « un mur s’élève en Méditerranée entre les univers culturels dont je me réclame ». Ce mur, « mon ambition est de contribuer à le démolir. Telle a toujours été ma raison de vivre, d’écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie. Sous le regard lucide de Lévi-Strauss », a assuré l’écrivain de 63 ans, sans cacher sa fierté de rejoindre cette institution fondée en 1635 par Richelieu.

Jean-Christophe Rufin lui répond avec chaleur
C’est le benjamin de l’Académie, l’écrivain-diplomate Jean-Christophe Rufin, ami d’Amin Maalouf depuis 25 ans, qui a répondu au nouvel immortel. « C’est en suivant votre exemple que je suis devenu romancier », lui a-t-il rappelé. « Toute votre oeuvre, toute votre pensée, toute votre personnalité, c’est un pont entre deux mondes (…) qui portent chacun leur part de crimes mais aussi de valeurs. Ce sont ces valeurs que vous voulez unir ».

« Entrez ici avec vos noms, vos langues, vos croyances, vos fureurs, vos égarements, votre encre, votre sang, votre exil », a-t-il conclu avec émotion.

Symbole de cette double culture, l’épée d’académicien d’Amin Maalouf comporte en médaillons une Marianne et un Cèdre du Liban. Sur la lame sont gravés les prénoms de sa femme Andrée, de ses trois fils, un poème de son père.

Son Comité d’honneur, présidé par Jean-Claude Fasquelle, comprend Ismaïl Kadaré, Jean Daniel, Peter Sellars, Jordi Savall, Georges Moustaki ou encore Michel Barnier.

Amin Maalouf publiera en septembre un roman, « Les Désorientés » (Grasset), voyage d’un historien exilé de retour au Liban.

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