Mode/Beauté

Le tatouage fait son Mondial à Paris

 Jusqu’à dimanche , les plus grands tatoueurs prennent leur quartier à Paris. Portrait de Tin-tin, icône française du tatoo et co-organisateur de l’événement.

Bertrand Delanoë m’adore ! Lorsque j’ai tatoué Philippe Starck dans la mairie du 16e arrondissement de Paris, le jour de son mariage, il était là : en guise d’alliance, Starck et sa femme se sont fait tatouer un petit point sur le bras.” Des anecdotes, Tin-tin n’en manque pas. Depuis plus de trente ans, le plus célèbre des tatoueurs français, installé rue de Douai à Paris, fait figure de légende.

“J’ai contribué au renouveau du tatouage hyperréaliste dans les années 70, explique-t-il. Puis d’autres tatoueurs sont venus sublimer ce courant : le tatouage, c’est comme l’histoire de la musique, on se copie, on s’inspire et on s’influence les uns les autres.”

Une famille réunie l’espace d’un week-end dans le 19e arrondissement de Paris, au 104, du 22 au 24 mars. “J’ai organisé deux salons du même type, en 1999 et en 2000, rappelle le tatoueur derrière le bruit de sa machine. Depuis, il y a eu beaucoup de conférences organisées un peu partout en France, mais jamais de mondial à proprement parler.” L’occasion de réunir le gratin du tatouage mondial. “Ça fait 13 ans que je suis harcelé par la demande populaire, confie-t-il. J’ai donc décidé d’organiser un nouveau mondial. C’est un événement mythique. Il y aura 270 tatoueurs du monde entier : Japon, Etats-Unis, Indonésie, Angleterre, France, etc. Il s’agira de voir la crème de la crème, ce qui se fait de mieux dans le monde. Les spectateurs pourront ensuite comparer avec certains des salons qui sont en bas de chez eux, et constater la différence.”
“Pourquoi pas 20 000 personnes !”

Parmi eux, le célèbre japonais Horitaka, Filip leu, “le meilleur pour beaucoup”, précisera Tin-tin, ou encore la jeune Valérie Vargas, sans oublier Hanky Panky, propriétaire du plus grand musée de tatouage du monde, à Amsterdam. Côté concerts, les invincibles Burning Heads et Les Producteurs de Porcs, en présence de Jules Edouard Moustic, ont notamment été conviés pour animer ce mondial. “Il y a 13 ans, pour le premier rassemblement, environ 5 000 personnes avaient fait le déplacement. Cette année, on peut espérer accueillir le double, voire le triple… ou pourquoi pas 20 000 personnes !” Et pour cause, depuis dix ans, le tatouage est partout, et séduit de plus en plus, victime d’un phénomène de masse : la mode.

“Pourtant, il n’y a pas plus antinomique que le tatouage et la mode, analyse Tin-tin. La mode est éphémère alors que le tatouage est permanent. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, il est plus difficile de trouver quelqu’un qui n’a pas de tatouage que quelqu’un qui en a un. Dommage que les modèles soient les petites étoiles de Gisele Bündchen ou Rihanna… »

Et le phénomène touche toutes les couches de la société, du hipster au PDG, de l’ouvrier au cadre dynamique. “Certains font ça par amour, d’autres par haine, ou d’autres encore pour paraître branchés. Et il y a ceux qui le font de manière un peu conne, en très gros sur le visage, pour impressionner le voisin !”

4 000 salons officiels

Un engouement qui se vérifie sur le terrain. Il y a trente ans, quarante tatoueurs étaient installés en France. Aujourd’hui, 4 000 salons officiels proposent leur service, “sans compter qu’il y en a autant qui exercent de manière officieuse”, ajoute l’intéressé. Pour autant, pour l’expert, la vraie révolution du tatouage se situe plus dans l’art de tatouer que dans sa démocratisation.

“Depuis 30 ans que je fais ce métier, j’entends dire que c’est à la mode. Pour moi, la vraie révolution tient dans la manière de tatouer. Et les styles se sont eux aussi multipliés.”

Pourquoi le tatouage a-t-il autant la côte ? “Je ne l’explique pas, avoue Tin-tin. Donne un marqueur à un gamin, il va s’écrire sur le bras. C’est quelque chose d’ancré dans la mémoire reptilienne de chacun, ça prouve l’éternité d’un sujet sur un sujet qui n’est pas éternel, il y a la douleur, le coté permanent, ce qui fait que cela devient magique et que ça évolue.” Autant de références qui intéressent aussi les universitaires. “Nous sommes très sollicités par des étudiants en sociologie ou en philo qui réalisent leur thèse sur le thème du tatouage”, précise le tatoueur. “Pour toutes ces raisons, le mondial du tatouage est une fenêtre ouverte à tous, conclut Tin-tin. Pour les passionnés comme pour les néophytes, qui pourront venir ici comme on va au salon de l’agriculture ou à la foire du trône.” Le rendez-vous est pris.

 Espace culturel Centquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris, www.mondialdutatouage.com

source -les inrock

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