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Tribune libre:Un petit papier mélancolique

Il était une fois, en une grande ville naguère donnée pour être « Lumière », où sévissait une étrange secte d’assassins : les automobilistes. Cette peuplade, connue pour souvent se lever tôt et aller gagner sa croûte, était mieux connue sous le vocable de « délinquants de la route ».

Globalement, ils étaient méchants, fumaient au volant, avaient parfois bu un verre de trop, écoutaient Georges Brassens sur leur autoradio et votaient sûrement Le Pen. Heureusement, la gentille fée Anne Hidalgo partit en croisade contre ces vilains gueux ; car ils étaient souvent pauvres, ces sales cons.

Paris – car c’est de cette ville qu’il s’agit – fut donc démantibulée de partout. Ses rues furent redessinées, coupées, en deux, en trois, en quatre, pour laisser place à ce nouveau peuple élu qu’était devenu celui des cyclistes. D’humeur farceuse, cette fée mit aussi des sens interdits partout, permettant ainsi aux malandrins de découvrir les charmes d’impasses sans issues dans les deux sens et de ronds-points sans sorties et parfois même dépourvus d’entrées.

Raymond Devos en avait rêvé ; ce fut fait.
Dans ce pays merveilleux, une autre fée (Valérie Pécresse) demanda à ce qu’une autre tribu (celle des experts) fasse le point sur cette étonnante politique. Un rapport – ou un grimoire, c’est selon – fut donc pondu par soirée de pleine lune, écrit d’une plume trempée dans un extrait de mandragore, aux pieds d’un pendu, tel qu’il se doit.

Bref, il sort en gros du parchemin en question que c’est le bordel à tous les étages, surtout depuis qu’une partie des voies sur berges a été fermée à la circulation. Les embouteillages gagnent le centre-ville, se répandant même loin au-delà du périphérique. Résultat ? Les clients de bistrots toussent en terrasse, la fumée des gaz d’échappement prenant le pas sur celle de leurs cigarettes. Les artisans n’ayant pas le bonheur d’habiter à Paris refusent tout chantier dans la capitale : où se garer ? Et même les urgentistes se mêlent de la partie, perdant de précieuses minutes pour aller sauver des vies.

Par chance, dans ce pays bientôt enchanté, il devrait prochainement avoir une section nudiste sur les fausses plages de Paris Plages. Chouette. Pour ceux qui bronzeront couchés sur le ventre, on pourra toujours se servir de leurs raies pour garer les Vélib’ des derniers citoyens que certains auront, de fait, amenés au bord du suicide.

Bienvenue, non point dans le monde d’hier, mais dans celui d’aujourd’hui.

Nicolas Gauthier
Boulevard Voltaire

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