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Tribune Libre : Un petit Guernica au musée Picasso ?

Il y a décidément une malédiction chez Picasso. On se souvient de la succession du peintre défunt, si houleuse qu’elle avait de quoi donner le mal de mer. Il est vrai que l’homme avait signé tant de tableaux qu’il peinait à les identifier lui-même. Tout comme il avait aussi du mal à reconnaître ses innombrables enfants, conçus avec des femmes qui ne l’étaient pas moins.

Là, c’est le musée Picasso de Paris – fermé depuis cinq ans pour cause de travaux – qui subit un sérieux coup de grisou avec la mise à pied d’Anne Baldassari par Aurélie Filippetti, ministre de la Culture. Motif de cette disgrâce soudaine ? À en croire Le Nouvel Observateur : « À la tête du musée Picasso depuis huit ans et demi, Anne Baldassari a conduit l’agrandissement de cet établissement avec passion, mais aussi avec des méthodes de management contestées. En janvier, le ministère avait demandé un rapport à l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), qui avait dressé un constat sévère pour sa présidente. » Le tout sur fond de « malaise social », semble-t-il…

Pour tout arranger, les interventions d’Anne Sinclair (membre du conseil d’administration du musée en question, en tant que « personnalité qualifiée ») et de Claude Picasso (fondateur de la société Picasso Administration – à New York – et chargée de veiller sur l’œuvre du maître) ; mais interventions qui n’ont rien arrangé du tout.

Dans le même temps, on enregistrait la démission de Laurence Engel, directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti ; à la ville, Laurence Engel est l’épouse du déchu Aquilino Morelle, ex-cerveau d’appoint de François Hollande, et obligé de quitter l’Élysée pour de vilaines histoires de souliers cirés à domicile. Quel pastis ! Anisette vigoureusement dosée, sachant que le licenciement d’Anne Baldassari n’est pas légal en l’état. Pour qu’il demeure dans les clous, encore aurait-il fallu que François Hollande, alors en voyage officiel en Azerbaïdjan avec Charles Aznavour – auteur de l’immortelle ritournelle « For Me, Formidable », à ne pas confondre avec le « Formidable » de Stromae –, soit en mesure de donner son avis.

Bref, tout cela ne fleure pas exactement le professionnalisme. Mais avec notre président Daft Punk à scooter, l’impossible devient possible et le pire toujours certain.

Nicolas Gauthier
Journaliste, écrivain.
Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi.com.  //Source Boulevard Voltaire

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