Désarmante de simplicité, la chanson, refusée par plusieurs artistes, dont Eddy Mitchel, connaît un énorme succès. Elle est sur toutes les lèvres, y compris de Brigitte Bardot, qui la reprend un an plus tard. Une gloire soudaine (160 000 disques vendus en un temps record) qu’il regarde étonné, par-dessus ses grosses lunettes.
Le jazz, « tous les jours »
Si elle ne lui apporte pas la fortune (« question argent, je suis vraiment passé à côté »), elle lui confère une notoriété énorme. « Et, au bout du compte, bizarrement, cela m’a fait connaître comme musicien de jazz. »
Né à Istanbul le 7 septembre 1923 d’un père français d’origine italienne et d’une mère grecque, Marcel Zannini (avec deux « n » dans son vrai patronyme) s’installe en 1930 à Marseille avec sa famille, modeste. Il délaisse vite l’école et enchaîne les petits boulots : mitron, menuisier, garçon de courses… Et tombe un jour sur une affiche de cinéma qui représente Benny Goodman jouant de la clarinette. Il va voir le film et en sort subjugué.
Il a alors 19 ans et se met lui aussi à la clarinette. « La première fois que j’ai soufflé dedans, j’ai joué une note. Elle était peut-être fausse mais elle était jazz », racontait-il avec son humour légendaire.
À la fin de la guerre, il intègre le quintette de Léo Missir, qui deviendra plus tard directeur artistique chez Barclay.
Avant de former à son tour le sien, après sa parenthèse américaine, et de « monter » à Paris. Il enregistre ses premiers disques et joue le soir dans les boîtes de la rive gauche, dont il devient un pilier.
Pendant des décennies après le succès de « Tu veux ou tu veux pas », il continue à réaliser des albums de jazz, où il alterne reprises et compositions originales, et à se produire dans les clubs. Parfois accompagné à la guitare par son fils Marc-Edouard Nabe, écrivain devenu sulfureux et exilé en Suisse. « Jamais je n’ai abandonné le jazz. Tous les jours, j’en écoute et j’en joue. »