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Les Anglais nous revendent le marché aux puces. Trop aimable !

Bon, on ne va pas bouder ce retour dans le giron national, hein…

 Vous l’ignoriez sans doute, mais depuis plus de dix ans, les Puces de Saint-Ouen, notre fleuron national, n’étaient plus les Puces mais « The Flea Market ». En 2005, la société Grosvenor, propriété du duc de Westminster, avait en effet acheté les Marchés Paul-Bert et Serpette. Un peu comme la place du Tertre ou l’île Saint-Louis aux Qatari, le Vieux Paris, en somme, était aux mains des Anglais…

Le duc et les puciers se sont mal entendus. Du coup, Monseigneur vient de s’en débarrasser. Affaires de petites bêtes, on ne sait pas, mais de poil à gratter certainement. Les marchands ne sont pas mécontents : « Sur les 400 commerçants de ces deux marchés, près de la moitié ont engagé une procédure auprès du tribunal à l’encontre du propriétaire actuel, pour non-renouvellement des baux, hausse des loyers, opacité des comptes… », confie l’un d’eux au journal Les Échos.

Comme disait la dame des rillettes, ces gens-là n’étaient pas du même monde.

« Cette foncière a vu dans les puces un investissement immobilier et non l’acquisition d’une petite partie du patrimoine français. Devant les tensions, Grosvenor a préféré vendre plutôt que de chercher à comprendre ces marchés atypiques », ajoute William Delannoy, le maire divers droite fraîchement élu à Saint-Ouen. C’est lui, d’ailleurs, qui a fait classer le site au patrimoine en 2001.

C’est le groupe Studyrama, « spécialisé dans l’orientation et la vie étudiante », qui a racheté les deux marchés pour un montant, estimé selon Les Échos, autour de 30 millions d’euros. Pas cher, surtout quand l’on sait que le digne représentant de l’ordre de la Jarretière y avait mis 50 millions voilà onze ans… Le prix de la tranquillité, sans doute.

Bon, on ne va pas bouder ce retour dans le giron national, hein… D’autant que le nouvel élu – un ancien des puces, lui aussi – envisage, paraît-il, de « redéployer la brigade de police » sur le marché et développer la vidéosurveillance. Il souhaite, dit-il, « dialoguer avec la ville de Paris pour rendre plus attractifs les abords du marché ». On lui souhaite bien du plaisir, vu que les abords en question, notamment sous le pont du périphérique, constituent le plus vaste « marché aux voleurs » de Paris. Au passage, on lui suggère aussi de prendre langue avec la RATP pour faire un petit nettoyage de la station Porte de Clignancourt, à la fréquentation très… exotique. Allez-y voir un samedi après-midi, vous ne serez pas déçus du voyage.

Si d’aventure le duc de Westminster, venant en tournée d’inspection sur ses terres, y est passé incognito, on comprend d’ailleurs qu’il ait pris ses royales jambes à son cou… Et plutôt deux fois qu’une.

source //Boulevard Voltaire//

Marie Delarue
Ecrivain, musicienne, plasticienne.

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