À Paris, on dénombre 37 ponts, répartis sur les 13 kilomètres de la Seine traversant la capitale. À l’occasion de l’expo photo « Paris s’illumine : les ponts de Paris la nuit » sur les grilles de l’Hôtel de Ville, on vous raconte l’histoire atypique du pont d’Arcole qui relie l’île de la Cité à la rive droite de la Seine.
Pont de fer construit au XIXe siècle pour franchir le grand bras de la Seine, au niveau de l’île de la Cité, le pont d’Arcole doit son nom à un jeune apprenti serrurier… mais peut-être pas. Et ce n’est pas le seul de ses secrets. À l’occasion de l’expo photo « Paris s’illumine : les ponts de Paris la nuit », découvrez son histoire.
Trente-sept ponts intra-muros se présentent en enfilade sur le cours de la Seine pour permettre aux Parisiens de la franchir. Une telle densité d’ouvrages n’existe dans aucune autre cité. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le photographe Gary Zuercher (photo illustrant cet article) s’en est pris de passion, au point d’y consacrer une grande expo que vous pourrez découvrir du 16 octobre au 30 novembre sur les grilles de l’Hôtel de Ville (Paris Centre).
Le pont de l’Arcole est l’un des neuf ponts qui relient les rives de la Seine à l’île de la Cité. En le traversant, on accède directement au parvis de Notre-Dame de Paris. Ce n’est peut-être pas le plus impressionnant ni le plus ancien, mais sa singularité en fait une attraction à part entière.
Mais qui était donc ce « d’Arcole » ?
C’est en 1827 qu’une ordonnance royale autorise la construction du pont entre la place de l’Hôtel de Ville et l’île de la Cité. Construite en 1828, une passerelle est ouverte à la circulation. Ce pont suspendu composé de deux travées d’environ 40 mètres ne mesure alors que 3,50 mètres de large et est réservé aux piétons.
La passerelle est d’abord appelée « pont de la Grève » pendant ses deux premières années. Elle prend ensuite son nom actuel… Mais cette nouvelle dénomination vient-elle de la victoire bonapartiste de novembre 1796… ou de l’exploit héroïque d’un jeune républicain ? Celui-ci, apprenti serrurier de son état, brandissant un drapeau sur le pont lors de la révolution de 1830, aurait prononcé ces paroles « Mes amis, si je meurs, souvenez-vous que je m’appelle Arcole » avant de s’écrouler foudroyé par une salve. Personne ne détient à ce jour la réponse, sachant qu’aucun Arcole ne figure sur la liste des tués au cours de cette échauffourée…
Pont de bois vs pont de fer
Quelques années après sa construction, l’insuffisance du pont suspendu saute aux yeux : l’intensification du trafic routier et les nouveaux aménagements urbains de la capitale, tels que le prolongement de la rue de Rivoli, incitent l’administration à lui substituer un édifice plus solide et plus large.
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Le choix oscille entre deux options : soit un pont de trois arches de 27 mètres d’ouverture chacune, en maçonnerie, soit une unique volée de fer, très surbaissée, de 80 mètres de long sur 14 mètres de large. La seconde solution est préférée, quoique plus coûteuse, prenant en compte le grand avantage que retirerait la navigation sur la Seine d’un pont n’ayant aucun point d’appui sur la rivière. Mais ce n’est pas tout… En se lançant dans une telle entreprise, Paris se positionnerait comme pionnière en matière d’art des constructions, cette travée métallique dépassant en portée tout ce qui avait été fait jusqu’à alors ! (Source : « Les Ponts de Paris », de Jocelyne Van Deputte)
C’est donc en 1854 que la construction du pont d’Arcole version métallique, conçu par Nicolas Cadiat et Alphonse Oudry, débute. Comme ses pairs, le pont de l’Alma et celui des Invalides, il doit être fin prêt pour l’ouverture de l’Exposition universelle de mai 1855. Mais comme pour les deux autres, les travaux doivent se plier aux conditions météorologiques, et l’ouvrage n’est accessible qu’un an plus tard, le 12 mai 1856.
Contrairement à d’autres ponts de Paris, la structure métallique n’est pas affublée de décors abondants, la mode architecturale de l’époque penchant plutôt pour des surfaces lisses et des longues lignes mettant en valeur la perspective. Une tendance qu’appliquera d’ailleurs Gustave Eiffel pour créer sa célèbre tour.
source Mairie de Paris