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Adieu à Georges Lautner, papa des « Tontons flingueurs » mais pas seulement !

Georges Lautner fut l’un des plus grands metteurs en scène du cinéma populaire de qualité française des années 60-70-80.

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Qui pouvait penser que la mort de Georges Lautner coïnciderait avec le 50e anniversaire de la sortie au cinéma des Tontons flingueurs, film devenu culte éclipsant injustement certains autres très bons aussi ?

Décédé des suites d’une longue maladie, à l’âge de 87 ans, ce 22 novembre, Georges Lautner fut l’un des plus grands metteurs en scène du cinéma populaire de qualité française des années 60-70-80. En 1961, il met en scène, avec beaucoup de talent, un drame psychologique sur fond policier, Le Septième Juré, avec un excellent Bernard Blier auquel ses premiers films sont dus. Il réitère avec d’autres polars noirs très réussis comme Les Seins de glace (1974) et surtout le visionnaire réquisitoire contre le monde politico-financier, Mort d’un pourri (1977) avec Alain Delon et Mireille Darc.

Mais, Georges Lautner prouve toute l’étendue de son talent dans la mise en scène d’un genre de films qui n’appartient qu’à lui : la comédie policière parodique. Avec ou sans Michel Audiard — qui le considérait comme le meilleur monteur du cinéma français — comme dialoguiste percutant ! Rappelons quelques titres : Le monocle noir (1961) Des pissenlits par la racine (1963) pour quelques longues scènes, Les barbouzes (1965), Ne nous fâchons pas (1966), Laisse aller… c’est une valse (1970), Il était une fois un flic (1972), La valise (1974)…

À la fin des années 60, Georges Lautner tourne deux films qui vont faire parler d’eux : Gallia (1966) avec Mireille Darc et Le Pacha avec Jean Gabin (1968). Le premier est une comédie de mœurs revendiquée comme « féministe » et « en avance sur mai 68 » par le metteur en scène. Pourtant son personnage principal multiplie les conquêtes et les déboires amoureux. Gallia, telle « la grande sauterelle » — dans le futur film au titre éponyme du même Lautner en 1967 — bondissant d’hommes en hommes avec une frivolité désarmante, finit alors par s’aliéner et s’enfermer dans la cage de fer du malheur sentimental. Morale du film : il ne faut pas jouer aux jeux de l’amour car il vous revient toujours en pleine figure.

Le deuxième film relève du polar à la fois classique et « psychédélique » — c’est l’année 1968 qui veut cela. Le commissaire divisionnaire Louis Joss veut venger son ami Albert Gouvion (Robert Dalban) et « organiser la Saint-Barthélémy du mitan ». À commencer par le flinguage illico presto de Quinquin (formidable André Pousse), gangster ayant des comptes à rendre depuis longtemps à la police. Les répliques magistrales signées Audiard sont aussi tonitruantes que le bruit des balles qui fusent entre flics et truands. Un opus totalement réac et décomplexé avec la musique décalée de Serge Gainsbourg !

Lautner poursuit sa carrière en réalisant d’autres films réacs ou anars de droite très français comme Quelques messieurs trop tranquilles (1973) — d’après le livre d’ADG, La Nuit des grands chiens malades —, Pas de problèmes (1975) ou On aura tout vu (1976), tous trois avec sa mère, Renée Saint-Cyr, campant des personnages de grande bourgeoise distinguée et affranchie. Il met encore en scène de nombreux films qui comptent avec notamment Jean-Paul Belmondo alias Bébel comme star du moment. Parmi les meilleurs, citons : Flic ou Voyou (1979) et Le Professionnel (1981).

J’avais reçu Georges Lautner sur Radio Courtoisie en 1993 et 1994 et avais participé à deux autres émissions en sa compagnie en 2007 et 2008. Il était tellement heureux d’avoir tourné des films avec des acteurs tels que Meurisse, Blier, de Funès, Blanche, Serrault, Ventura, Gabin, Delon, Yanne, Belmondo et bien sûr Mireille Darc. Sans oublier Rita Hayworth et Robert Mitchum dans des prestations mineures ! Il oubliait presque qu’il avait été leur metteur en scène. C’était bien lui le directeur de ses acteurs inoubliables. Une candeur juvénile mêlée à un grand professionnalisme ! Trop snobé par les critiques de cinéma, morts à eux-mêmes, il avait fini justement par les renvoyer au « terminus des prétentieux ». Son dernier montage…

 Arnaud Guyot Jeannin

Journaliste et essayiste

 

Image à la une //de la scène de la Cuisine Tonton Flingueurs

source Boulevard Voltaire

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