« La Cosmopolite » constitue une collection à part pour les éditions Stock. Avec une telle appellation, il ne faut pas s’attendre à des ouvrages qui fleurent bon le terroir de chez nous. Pour son directeur, il importe de proposer d’excellents polars venus d’ailleurs.
Concernant « Une terre si froide », il n’a pas eu besoin d’aller si loin puisque Adrian McKinty est Irlandais du nord, même s’il réside aujourd’hui en Australie. L’action se déroule au début des années 1980 sur fond de guerre civile.
Quand le sergent Sean Duffy, catholique, débarque dans un bastion protestant pour épauler le commissariat du quartier, la situation ne manque pas de sel. Lorsqu’il s’agit de l’assassinat d’un homosexuel, tout laisse à penser que l’on à faire à un tueur en série et on se dit que les passions continuent à s’exprimer au milieu des conflits sanglants.
En piochant sur le terrain, le sergent Duffy va découvrir qu’une des victimes occupait un poste dans la hiérarchie de l’IRA. L’affaire prend alors une autre tournure surtout quand le sergent, qui accumule les conquêtes féminines catholiques, va découvrir, dans le cadre de l’enquête, son premier émoi avec un prostitué protestant, dans des toilettes publiques.
Laura le conforte dans son hétérosexualité et les recherches peuvent se poursuivre à condition de ne pas dépasser les limites imposées par le contexte. Pas question, par exemple, d’aller fourrer son nez dans les repaires des branches de l’IRA car ce sera la double peine : flic, mais surtout catholique. Inutile de tenter le diable. Le sergent sait aussi se faire fin politique quand il laisse le commissaire du quartier répondre aux questions des journalistes, même s’il s’étonne de ne voir aucun média américain.
Les relations entre l’Irlande et aussi le Royaume Uni restent toujours très fortes avec les USA. La première fois que Sean se rend chez Laura, il remarque tout de suite son mobilier allemand très chic. Pour lui, un bon whisky doit avoir un goût de sel, de mer, de pluie et de vent. Par contre, pour mélanger avec du thé le Johnnie Walker suffit, tout comme le Jim Beam pour le café.
Après plusieurs rebondissements et fausses pistes, l’enquête connaît un dénouement des plus inattendus pour le plus grand plaisir du lecteur. Dépaysement comme plaisir de lire garantis.
Un polar irish original et tonique *****
391 pages, La Cosmopolite Stock, 21,50 €
Chez votre libraire préféré ou sur le site : www.lalibrairie.com
Dominique LE FUR
