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Une journée ordinaire à Paris .Les Roms jouent aussi au bonneteau

Poursuivons donc notre exploration des petits métiers où s’épanouissent ces braves gens. Après les forêts à champignons et les vergers de nos campagnes, les rues de la capitale.

bonneteau

 

Aujourd’hui, le XVIIIe arrondissement de Paris, rue de Steinkerque, un passage obligé des touristes qui, sortant du métro Anvers, sur le boulevard de Clichy, se ruent vers la butte Montmartre.

La rue de Steinkerque fait exactement 153 mètres de long et, en ce samedi après-midi, on n’y compte pas moins de 17 joueurs de bonneteau et leurs acolytes. Debout derrière deux cartons empilés, le joueur agite les mains, jongle avec ses disques de caoutchouc noir à pastilles blanches. Fini les cartes à jouer, aujourd’hui on la joue graphique, c’est plus difficile pour l’œil de s’y repérer. Les prix aussi ont changé : 50 euros la mise. Tarif unique.

À chaque table, guetteur et baron, matrones pour faire les sacs à main et rafler les portefeuilles des gogos fascinés qu’on appâte avec un premier gain et qu’on plume aussitôt. Alors, il y a les gros bras pour ceux qui s’aviseraient de râler. Tous des « gens de l’Est », comme on dit depuis qu’on ne peut plus prononcer le mot Rom. Des carrures. Des athlètes pansus avec des dents en or. Régulièrement, des bagarres éclatent. Ce samedi, un jeune Américain qui tentait d’ameuter ses compatriotes s’est fait “raccompagner” entre les voitures, histoire de lui passer l’envie de faire du tapage.

Et les flics ? Pas vus. Pas entendus. Rien ni personne à l’horizon.

Exaspérés, les riverains se plaignent : « Ni les élus, ni la préfecture ne veulent prendre les décisions pour arrêter ce phénomène. Il faut trouver des solutions nous-mêmes pour survivre. Il ne faut surtout pas essayer de lutter contre le système, qui dure depuis très longtemps et surtout qui rapporte énormément d’argent. » Ils tiennent un blog, proposent en effet des solutions : « Jeter un verre d’eau… Les résultats de ces derniers temps montrent l’efficacité de cette méthode : certains ont changé de place ou même ne sont plus là ».

La voilà, la bonne idée. Pour régler le problème des Roms : la lance à incendie. En plus, c’est écolo.

 

Marie
Delarue

Ecrivain, musicienne, plasticienne.

source Boulevard Voltaire.

image à la une -bonneteau #trap (Pris avec Instagram )

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