« Ce qui me choque, c’est que les non-croyants ne soient pas épargnés par les fous de Dieu »

Joseph Lavanant est l’auteur de Dieu existe il a eu un fils, diffusé par Francephi.

(propos recueillis par Fabrice Dutilleul).

Lorsqu’on on a eu une vie riche (Guerre d’Algérie, réussite professionnelle), on est plutôt enclin à écrire ses souvenirs… Pourquoi avoir plutôt choisi de disserter sur l’existence de Dieu ?

J’ajoute mon vécu de la dernière guerre mondiale, j’avais 8 ans lorsqu’elle s’est terminée, mais les impressions sont encore vives, mais il faut laisser cela aux historiens qui savent faire. Concernant mon livre, je n’ai pas choisi d’établir la non-existence de Dieu, cela m’est tombé dessus, c’est devenu tellement gros, tellement évident, tellement nécessaire qu’il a fallu que cela sorte. Et avec le vécu que vous évoquez, il ne me reste que peu de temps à rester en état pour répondre aux controverses qui ne manqueront pas. Je n’ai pas vocation à devenir écrivain, j’ai écris cet essai pamphlétaire pour interpeller mes contemporains.

Vous employez fréquemment l’ironie et L’humour… Est-ce approprié pour un livre sur la religion ? Ne craignez-vous pas de choquer ? À moins que ce ne soit votre but…

Il se peut que ce soit ce qui est le plus approprié pour ce que je considère comme dérisoire. Mon livre se veut facile à lire, les données sont contrôlées et exactes, et l’écriture en est, je le crois, soignée. Le titre du livre sous-entend « Dieu existe, “la preuve”, il a eu un fils… » C’est ironique, bien sûr, car ce qui me choque, ce sont les morts pour des causes religieuses : massacres, pillages, viols même lors de la prise de Jérusalem voilà des siècles ou, tout récemment, l’assassinat en Lybie de l’ambassadeur américain… Partout dans le monde – en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique (ne serait-ce que le Mali dont on parle en ce moment)… Dire que lorsque j’étais enfant, Tombouctou me faisait rêver ! – les atrocités perdurent au long des siècles. Il n’y a pas de semaines qui soient exemptes de conflits, de croyances, de sévices, d’injures, de tueries, voire de génocide. À cela, s’ajoute l’évidence que tout ira en s’amplifiant.

Pourquoi les non-croyants et les enfants de non-croyants ne sont-ils pas épargnés par les fous de Dieu ?

L’Humanité, à quelque époque que ce soit, a toujours eu besoin de croyances… N’est-ce pas une preuve qu’il y a tout de même quelque chose de supérieur, au-delà des différents clergés ?

C’est une idée reçue, mais tout à fait inexacte. L’humanité n’est pas éternelle, nous ne sommes là que depuis 7 millions d’années. 200 000 ans en ce qui concerne l’homo sapiens. Nous sommes les derniers, tous ceux qui nous ont précédés, ont disparu.

Les croyances n’ont pas commencé avec l’humanité, et de bien loin, nous n’en avions pas besoin. Nous nous contentions de communiquer entre nous sans disposer au début des possibilités d’un langage articulé. C’était cela notre humanité et ce, pratiquement durant ces 7 millions d’années jusqu’à l’aube du néolithique, il y a 8 à 12 000 ans… C’est là, que les choses ont commencé, c’est-à-dire, il n’y a vraiment pas bien longtemps.

Mais en plus de parler, il nous a fallu apprendre à écrire et encore attendre ; cela remonte à peine à 3 000 ans. Quant aux « grandes » religions – judaïques, chrétiennes, et musulmanes – elles se sont toutes copiées les unes les autres, ont toutes été inspirées par les légendes mésopotamiennes et égyptiennes. Elles ont tout juste 2000 ans et moins encore pour la religion musulmane qui remonte à 13 siècles. Et toutes sont très appropriées : « Tu te tais, tu pries, tu espères et surtout tu te tiens tranqsuille, Dieu te surveille et voit tout ». C’est bien ce que nous-mêmes essayons de faire croire à nos enfants, en s’aidant parfois du Père Noël.

Ce serait faire injure à l’homme que de penser qu’il n’a pas été capable de créer ces différentes religions… ou sectes, au choix du vocabulaire de chacun ; d’ailleurs, il continue de le faire, il persévère : 172 au total encore en activité par le monde parmi lesquels le judaïsme n’a que la 7^e place avec 15 millions de pratiquants, 0,2 % de la population qui peuvent être la cause d’un prochain conflit, ce qui la qualifie de « grande » religion. En tout cas, c’est une sacrée affaire et qui perdure. L’homme a inventé la taille du silex, puis il a inventé la croyance. On n’utilise plus le silex, mais on se sert toujours de Dieu pour ponctionner, asservir et dominer.

N’y a-t-il pas toujours eu des religions de substitutions aux religions dominant l’Humanité ?

Il n’y a pas toujours eu de substitution, puisque les religions elles-mêmes n’ont pas toujours existé et ont été bricolées. Le nazisme et le communisme, même si ce sont des avatars performants, voir très performants en matière de tueries, d’horreurs et de massacres, n’ont jamais atteint les 2,5 milliards de chrétiens ou 1,5 milliards de musulmans… Quoique pour le communisme, il reste encore quelques pitres en activité. Ce n’est pas à nous d’établir une hiérarchie dans les croyances, les pratiques des uns et des autres, de savoir qui a le plus tué des chrétiens et des musulmans. Les flux migratoires que nous recevons dépassent de loin nos possibilités d’accueil et d’absorption. Immanquablement, cela débouchera sur des problèmes.

Paradoxalement, à l’inverse, le fait de n’avoir pas voulu accepter pour l’Europe de se définir par rapport à nos origines et à notre culture chrétienne est une absurdité, on en verra les effets dans les décennies à venir, entre autres, lors des négociations avec la Turquie.

Ces débats ne sont pas le but de ce livre qui est simplement d’apporter la démonstration et les preuves de la non existence de Dieu et le coté néfaste des religions en matière de tueries et de massacres. Cette démonstration s’appuie sur les dernières données scientifiques. Je crois que cela n’avait jamais été fait, je n’ai rien trouvé dans ce sens, en tout cas.

Toutes les idéologies sont néfastes, avec ou sans dieu(x), et profitent à ceux qui les initient. Les victimes sont les adhérents et non adhérents entraînés malgré eux.

Je suis totalement réfractaire aux conflits et à la violence. Les religions du livre ont elles mêmes procédé à l’élimination des religions établies plus anciennes. Leur tour de passer à la trappe pour les mêmes raisons de non crédibilité viendra… En tout cas, je l’espère, ne serait-ce que pour améliorer les conditions humaines.

Dieu existe il a eu un fils, de Joseph Lavanant 286 pages, 23 euros.