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J’ai 25 ans, je suis call-girl et j’aime mon travail…

Le 11 mai dernier, une plaque commémorative a été inaugurée à Toulon en l’honneur de Miquette, une prostituée qui aurait aujourd’hui 90 ans. Sur la plaque en marbre financée par des marins et des donateurs, on peut lire « À la mémoire de Miquette, de la part des anciens marins reconnaissants ». J’ai été émue, d’autant que, généralement, on n’entend parler des travailleuses du sexe que par la bouche de collectifs qui les considèrent comme des victimes des « vilains monsieurs ».


J’ai 25 ans, je suis française, je m’appelle Léa et je suis une call-girl. J’ai décidé de louer mes faveurs sexuelles. Je n’ai subi aucune contrainte de la part de qui que ce soit et je vais même dire mieux : j’aime mon travail.

Ces collectifs féministes semblent considérer que le droit de décider de notre corps comme bon nous semble ne s’applique qu’avec des conditions. Quand je lis les témoignages larmoyants d’anciennes indépendantes (réelles ou supposées) reconverties, je suis exaspérée. Je vais paraître dure, mais on ne choisit pas de devenir call-girl quand on est naïve ou que l’on n’a pas de caractère.

Je n’ai jamais eu de problèmes avec mes clients car ils savent parfaitement ce que j’accepte et n’accepte pas, c’est moi qui fixe les règles et s’ils ne sont pas contents, ils appellent une autre fille. Celui qui est irrespectueux, je l’envoie promener. Quand un homme essaie de négocier les tarifs, je reste ferme. Je les vouvoie systématiquement, et ils savent que leur statut de clients ne fait pas d’eux des rois, car je leur fais comprendre que je ne suis pas marchande de tapis et que mon corps a un prix. 


Si l’on accepte de pratiquer des choses que l’on n’aime pas par appât du gain, on ne se plaint pas : si on ne voulait pas le faire, il suffisait de l’annoncer dès la première prise de contact. Le cas du viol n’est évidemment pas inclus dans mon propos.

Je suis ulcérée de voir tant de femmes, qui pour la plupart n’ont jamais eu le moindre rapport sexuel tarifé, s’autoriser à vouloir interdire ce qui nous permet de remplir notre frigidaire, payer nos factures, ce qui nous aide à vivre. Qui sont-elles pour prétendre avoir le droit de décider pour nous ?

J’ai trouvé mon total épanouissement personnel dans ce travail, comme beaucoup d’autres. Je suis heureuse, réellement. Paradoxalement, c’est aujourd’hui que je suis réellement une prostituée que j’ai le moins l’impression d’en être une. Mes clients sont cent fois plus respectueux que les partenaires que j’ai eus avant de m’engager dans cette voie : alors, j’étais officiellement libérée mais seulement assujettie aux désirs d’hommes qui ne voyaient dans notre « libération » qu’un prétexte pour coucher facile et gratuit. Aujourd’hui, je suis libre, simplement.

Bien entendu, je ne fais pas l’apologie des rapports sexuels tarifés, nous sommes nombreuses à avoir pris cette voie suite à un lourd passé. Il y a des risques : physiques (nous ne sommes pas à l’abri d’un dégénéré), sociaux (les conséquences de la découverte, par notre entourage, de notre activité), médicaux (transmission de MST plus probable que pour une hôtesse de l’air), nous ne cotisons ni pour le chômage ni pour la retraite, nous n’avons pas de couverture santé liée à notre emploi, ce n’est pas un job lambda, mais c’est celui que nous avons choisi.

Alors, combattez le proxénétisme, la traite humaine, l’exploitation de gamines utilisées en tant que sources de revenus par des enflures qui ne sont en rien comparables aux hommes qui viennent humer l’odeur de notre peau. On ne veut ni de vos jugements, ni de votre pitié, ni de votre morale. Nous ne sommes ni un danger pour la société ni des victimes des hommes. On ne vous demande rien d’autre que de vous mêler de ce qui vous concerne.

 

Léa
Rousseau

Call-Girl

source -Boulevard voltaire

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