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Eurocrates : par ici la monnaie !

 

 Jean Quatremer, correspondant du quotidien Libération à Bruxelles, est l’un des plus fins connaisseurs des affaires européennes. C’est à ce titre qu’il vient de créer un assez joli scandale en révélant le train de vie des fonctionnaires européens. Ainsi, la seule Commission en compte-t-elle 23 600, auxquels il faut encore ajouter 1 275 « agents temporaires » jouissant des mêmes avantages. La grille des salaires comporte seize échelons : allant de 2 654 euros à 18 371 euros mensuels. Soit un peu plus que le salaire de la peur…

À cela s’ajoutent divers petits privilèges que Jean Quatremer a la malice de rappeler : « Au salaire brut, il faut ajouter une indemnité d’expatriation de 16 % du salaire (pour les non-Belges ou ceux qui n’avaient pas antérieurement à leur recrutement leur domicile en Belgique) ou de dépaysement (4 %). Outre la gratuité de l’école européenne (les non-fonctionnaires y ont exceptionnellement accès, mais doivent payer entre 5 000 et 10 000 euros par année scolaire), les fonctionnaires ont droit à de généreuses allocations familiales (373 euros par enfant et par mois jusqu’à 26 ans), à une allocation de naissance (198 euros à chaque enfant), à une allocation de foyer (170 euros par mois majorés de 2 % du traitement de base), une allocation scolaire (253 euros par enfant et par mois), à une allocation d’installation (839 euros pour une famille, 497 euros pour un célibataire, versés lors de l’installation). En outre, les eurocrates ont droit à un aller-retour par an dans leur pays d’origine (et des jours de congé supplémentaires selon la distance : six jours au-delà de 2 000 km, un calcul qui a dû être fait avant l’invention de l’avion). Les femmes ont droit à 20 semaines de congé maternité, les congés payés sont compris entre 24 et 30 jours ouvrables et la retraite représente 70 % du montant du dernier salaire. »

N’en jetez plus ? Si. Il y en a encore. Surtout quand ces institutions supranationales fonctionnant sans la moindre légitimité démocratique se mêlent de la bonne tenue des finances d’États pourtant souverains, la France par exemple. Car les sacrifices, comme l’enfer, c’est toujours pour les autres. D’où une fiscalité « bruxelloise » plus qu’avantageuse en matière de charges salariales : 7 421 euros net pour 9 716 euros brut, voilà qui n’oblige pas à compter les pièces jaunes pour acheter le pain.

Pour sa défense, la technostructure européiste prétend que les diplomates bénéficient encore de plus de privilèges. Ce qui n’est pas faux, à ce détail près que les plénipotentiaires en question, au bout de trois ou quatre ans, souvent forcés de réintégrer leur nation d’origine, abandonnent de fait ces menus arrangements.

On comprend donc mieux pourquoi, ayant goûté à la soupe européenne, nombre d’entre eux préfèrent réintégrer le secteur privé, pour monnayer leurs relations hauts placées et soigneusement cultivées au frais du contribuable.

On comprend encore mieux pourquoi le courageux article de Jean Quatremer, disponible sur le site de Libération, au matin du 13 février, en avait disparu le soir même. Mais ne demandons pas à un quotidien maoïste racheté par la famille Rothschild plus qu’il ne peut donner en matière d’audace…

Pour en savoir plus : bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses

Nicolas
Gauthier
Journaliste, écrivain.
Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi.com.
source -Boulevard voltaire

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