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Du rififi à l’Assemblée ?Quelles chochottes !

Saperlipopette ! Il paraît que ce jeudi dernier, on se serait un brin disputé à l’Assemblée nationale. Cornegidouille ! Quel scandale. Il y aurait même eu des noms d’oiseaux échangés alors que d’autres auraient voulu en venir aux mains. Mince alors !

Rachitiques du bulbe… Diminués du neurone… Émasculés du cervelet… Amputés du slip…

Bref, chochottes !

Parce que trois énervés ont osé élever le ton, ça serait donc le retour du général Boulanger aux affaires ? Et pourquoi pas le vote des pleins pouvoirs au maréchal de Gaulle ou au général Pétain ; enfin, un truc approchant ?

Intéressant tout de même – d’un point de vue d’entomologiste s’entend –, cette hantise d’une très relative violence verbale au Parlement, alors que ces mêmes dérèglements physiques et verbaux, après avoir été tolérés dans les cours d’école, ont aujourd’hui droit de cité dans les dictionnaires. Étrange époque en effet, où l’ultra-violence est de mise dans les rues, commentée par des sociologues érudits avant que d’être mise en scène au cinéma par des margoulins qui, sentant le vent venir, en finissent par se dire qu’il y a toujours trois ronds à se faire sur le malheur des pauvres gens.

Nique ta mère, c’est un très bon nom pour un groupe de rap. Et une insulte communément admise par l’Académie française. Mais évoquer LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, c’est déjà moins glamour…) qui n’est pas un groupe de rap, juste un groupe de pression, à l’Assemblée nationale, c’est mal. Très mal. Très très très mal… Enfin bref, ce n’est pas bien et même Claude Bartolone, président de ladite assemblée assure que les mesures à prendre le seront bientôt.

Chochottes disions-nous…

Florilège du temps jadis.
« Abject animal », « Apollon des abattoirs », « Bélier à la corne sournoise », « Bougre de pétasse », « Caissier de chez Rothschild », « Charogne », « Constipé des méninges », « Dégénéré », « Détritus humain », « Être de boue et de bave », « Farouche jouisseur d’imprescriptibles privilèges », « Fidèle Castrat », « Général de pissotière », « Graine de con », « Gueule à foutre la colique », « Hermaphrodite », « Jeanne d’Arc de Médrano », « Juif à graisse déliquescente », « Lévrier hébreu », « Mal baisé », « Merde dans un bas de nylon », « Merdophage », « Pacifiste très sanguinaire », « Pauvre larve politicienne », « Petit rat dégénéré », « Puriputain binoclard », « Soutien des franc-maçonnards gaullistes », « Tas d’immondices », et autres amabilités.

Tel était le commun du greffier chargé de retranscrire les propos des représentants du peuple souverain sous les Troisième, Quatrième et Cinquième républiques. Ça ne volait certes pas toujours très haut ; mais surtout moins bas que le robinet d’eau tiède qu’on nous sert aujourd’hui, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

D’ailleurs, à l’époque, on n’en faisait pas une caisse et encore moins un caisson. Ce d’autant plus qu’alors, la plupart des auteurs de ces philippiques se sont recasés au Quai Conti, et que leurs éventuels différents se réglaient sur le pré ; aux premières lueurs de l’aube et vêtus de fracs, façon pingouin, sabre à la main. Certes, nous n’en sommes plus aux mêmes élégances et désormais tout le monde se fait procès pour un mot de travers. C’est vrai pour les politiques comme pour les journalistes ; même un Jean-Marc Morandini, c’est dire…

D’ailleurs, à l’adresse de mes confrères éventuellement mécontents de ces lignes, je les prends au babyfoot ou au 421 dès qu’ils le souhaitent.

Nicolas
Gauthier
Journaliste, écrivain.
Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique.
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source-Boulevard Voltaire

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